Le Tricheur à l'As De Carreau

source d’intérêt différente de l’action qu’ils sont en train d’effectuer. Leurs mains viennent signaler le double jeu qu’ils mènent : le tricheur et la joueuse tiennent leur jeu d’une main et de l’autre ils effectuent leur petit manège. Le tricheur tire un as de son dos et la joueuse indique le tricheur de son index. La servante tient de la main gauche une carafe de vin et de la droite une coupe de vin dont personne ne semble se soucier, pas même elle ! La complicité des trois personnages est soulignée par le subtil rapprochement de leur main droite qui se frôle mais dans des plans différents.

Fonction phatique :

La vision surélevée de la table permet au(x) spectateur(s) de voir tous les objets présents sur la table : les pièces d’or étalées en évidence mais aussi celle mises à l’écart derrière et dans l’ombre du coude du tricheur. Les cartes cachées par le tricheur dans son dos sont particulièrement mises en évidence et offertes à notre regard de même que les deux supérieures de son jeu. On aperçoit le jeu du jeune homme de droite. En revanche celui de la femme reste caché de notre vue.

Il est évident que l’attitude des personnages est une mise en scène au caractère hautement théâtral : le spectateur est en mesure de définir les alliances puisque le peintre lui offre une place à laquelle il est omniscient. Rien ne lui échappe.

Fonction métalinguistique :

Le titre « Le tricheur à l’as de carreau » induit le regard que l’on porte au tableau.

Fonction conative :

Les yeux des personnages sont tous rivés sur des « objets » différents, ils créent la dynamique de la scène nous obligeant nous aussi à déplacer notre regard.

Le tricheur en portant son regard sur l’espace du spectateur nous implique en tant que témoin silencieux et donc complice de sa duperie. Son sourire en coin est une ultime provocation, il est là comme pour nous dire que quoi qu’il arrive : que l’on approuve ou non, tout se déroulera selon ses plans.

L’espace laissé entre le tricheur et le jeune homme est juste assez large pour que l’on s’y installe nous aussi. C’est une invitation à participer à cette partie de cartes.

Fonction poétique :

La netteté des contours, la précision des détails, les ombres, les vêtements minutieusement détaillés mais aussi la physionomie très étudiée et singulière de chacun des personnages contribuent à rendre cette scène très réaliste.

La palette de nuances chatoyantes choisies détermine plus qu’une harmonie, une unité. Celle-ci est renforcée par la lumière intense qui établit de forts contrastes et détache la scène du fond noir qui l’entoure. La peau diaphane de la joueuse est particulièrement exaltée, la tête du tricheur, dans l’ombre, est en retrait des autres personnages. La place du jeune homme, à droite, écarté du reste du groupe laisse entrevoir l’alliance qui unit les personnages de droite contre ce personnage seul.

Le cadrage du tableau est tel que les cartes dissimulées dans le dos du tricheur sont juste à l’extrémité gauche de la toile : cela les met d’autant plus en valeur.

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[ 1 ]. Pour plus de détails sur les regards