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Lecture linéaire - Annie Ernaux, Les Années

Fiche : Lecture linéaire - Annie Ernaux, Les Années. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires

Par   •  16 Mars 2023  •  Fiche  •  2 378 Mots (10 Pages)  •  3 896 Vues

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S 7 – Lecture linéaire n° 2 - Annie Ernaux, Les Années (2008) – Fiche d’étude 1-

Notez vos premières impressions sur le texte ci-dessus.

 a) À quel type humain et social s'intéresse ici Annie Emaux ?

 Elle s’intéresse au type humain et social de la jeune femme bourgeoise et au foyer.

 b) Quel procédé permet à Annie Emaux de créer, comme La Bruyère, un caractère ?

En employant souvent le pluriel, Ernaux fait des femmes qu’elle a connues des archétypes*, à l’instar de La Bruyère dénonçant les travers communs aux courtisans.

 Archétype : personne/personnage représentative(tif), par son comportement, son langage, ses convictions, son apparence vestimentaire, etc., un groupe social/politique/générationnel.

2- Donnez un titre à chaque mouvement du texte.

1er mouvement : la nostalgie amère d’une jeunesse féminine disparue (l. 1-10)

2ème mouvement : le repas comme scène de prédilection du théâtre bourgeois de la famille. (l. 11 – 21)

 3- Pour justifier le titre proposé pour le premier mouvement (étape 2), analysez les procédés littéraires (l. 1 à 11).

 A - 1er mouvement (la nostalgie amère d’une jeunesse féminine disparue) (l. 1-10)

Citation

procédé

Interprétation

Les après-midis, les bancs De soleil

Les jeunes femmes

Couches alimentation, enfants, jeux, bac à sable

Echangeaient, en surveillant

propos, bavardages, confidences

Adolescence, loin (au sens temporel ici), d’avant, trois au plus

Paraissaient Incrédule, regret

Répétition du pronom « elles »

Le Souci Entrées dans « leurs mères »

L 6

l. 6 à 10 avec plus de légèreté une forme de désinvolture la lecture du Deuxième Sexe / Moulinex libère la femme

Pluriel = lexique temporel et spatial

Pluriel + épithète (jeunes)

Lexique de la petite enfance, très présent

 

Imparfait d’habitude + gérondif

Lexique de la conversation

Lexique du tps, des périodes

imparfait d’habitude lexique de la nostalgie

Englobe toutes les femmes d’une même génération

Allégorie

Métaphore (comme si Souci était une sorte de monstre)

énumération

GN

autre génération

Syntaxe complexe, comprenant plusieurs propositions relatives CC de manière + modalisateur (une forme de)

Double effet d’antithèse : lecture du Deuxième sexe / slogan « Moulinex libère la femme »

Le slogan est implicite ici : le nom « slogan » est absent et les guillemets ont disparu. Manière de suggérer qu’il a tellement envahi la société (et les ondes) des 60’s qu’il est désormais perçu comme une évidence.

Campe une habitude, donc une série de scènes révélatrices d’un style de vie : le « soleil » connote l’insouciance et le bien-être + permet de s’installer dehors, au vu et au su de ts => la scène (les bancs) et les conditions de la théâtralisation sont créées.

 Cible une catégorie : le monde féminin, (dé)voué à la famille, au domus, créateur et prolongement des enfants qui deviennent leur seul horizon (sous-entendu : femmes au foyer, « ménagère ») + « jeunes » => à la fois enfants en bas âge et souci de s’intégrer (à la famille, notamment) ; doivent se montrer à la hauteur

Lexique qui envahit la phrase comme les enfants envahissent leur vie : le bac à sable est autant le lieu des mères que celui de leur progéniture.

Monotonie de cette vie répétitive. Pas d’action saillante ; comme leurs tâches, les femmes sont au 2d plan.

 Unité apparente (elles ont toujours bavardé => implicitement, cliché masculin de la femme qui papote, qui n’a que ça à faire…) Mais opposition entre paroles vagues, peu marquantes, du quotidien (propos, bavardages) et « confidences » : échanges plus intimes qui peuvent soulager ou en tout cas qui importent sur le moment.

Cette antithèse amorce l’évocation élégiaque (et sans doute récurrente) d’un monde révolu, celui de « l’adolescence ». Evocation du temps concentrée sur 2 lignes, comme une bouffée brusque de nostalgie, et qui comporte elle aussi une antithèse : éloignement d’un côté (loin, la vie d’avant, l’adolescence qui paraît loin de ces mères) et la précision « trois ans au plus) : le lecteur comprend donc que leur vie de jeunes adultes se résume déjà à n’être que mère (et épouses).

La nostalgie se précise : « incrédule » confirme l’impression qu’elles ont été projetées dans la maternité sans aucune préparation, le « regret » n’est pas seulement celui des années qui passent, mais aussi, même si elles ne le formulent pas, celui d’une vie épanouissante, qu’elles n’auront peut-être jamais. « profité »

Laisse entendre que c’était la seule période où elles pouvaient encore s’épanouir. Autre manière d’attraper le collectif, après « les jeunes femmes » et « on ».

L’allégorisation du Souci (qui, couplé à la métaphore « entrées dans » évoque une sorte de monstre, comme la baleine biblique avalant Jonas) montre que celui-ci les a entièrement piégée, que toute leur vie lui est consacrée ;

L’énumération, reprenant le thème de la petite enfance et des soins qu’elle exige, englobe aussi chaque heure de chaque jour.

Or ces femmes sont ici opposées à d’autres : leurs mères. L’antithèse entre « ne jamais ressembler » - négation forte, qui devait les protéger contre tout risque de répétition des erreurs maternelles - et « prenaient la relève (expression amèrement ironique) montre l’impuissance de ces individus face au mécanisme social de la reproduction*. Travail d’analyse sociologique d’Ernaux, qui ausculte les contradictions de ces femmes. Volonté de cerner le comportement de ses femmes, leur position face à ces tâches domestiques.

La double antithèse est ironique : la « lecture » d’un essai complexe comme le Deuxième sexe suscite la réflexion des lectrices ; suivre un slogan (« Moulinex libère la femme » est un célèbre slogan publicitaire depuis les années 60) relève de l’esprit grégaire, passif, de l’absence de réflexion. Et alors que Beauvoir entend inciter les femmes à une remise en question de l’univers familial traditionnel, Moulinex assimile ses clientes à des ménagères, des femmes dont l’unique horizon est le foyer. Elles ne sont donc pas « libérées », au sens où l’entendent les féministes ! Ernaux pointe donc, de manière concise et imagée (elle s’appuie sur 2 exemples concrets des années 60 : un essai et une marque célèbres) les contradictions dans lesquelles sont empêtrées les femmes modernes : incitées d’un côté à secouer le joug patriarcal, elles sont réduites de l’autre à des ménagères contemporaines, donc à une simple actualisation de ce modèle fait pour les hommes et par les hommes. Cette contradiction aboutit à une aliénation (rupture avec soi-même, avec les conditions de son épanouissement), magistralement formulée par Ernaux : déniant toute valeur (hyperbole appuyée) elles se sentaient tenues de faire (modalisateur de certitude : tenues de) sans savoir pourquoi => pas d’adhésion intellectuelle, répétition mécanique de la vie de leurs mères.

 

Faites le bilan du 1er mouvement : Ernaux nous montre donc ici des femmes jeunes mais déjà enfermées dans un univers domestique auquel elles ne s’identifient plus.

2ème mouvement : le repas comme scène de prédilection du théâtre bourgeois de la famille. (l. 11 – 19)

citations

procédés

interprétations

Dans les déjeuners

Anxiété, fièvre

On Bien (installés) Plus de goût que

Fait admirer, (fat) toucher, (fait) écouter

Il manquait

Verres, table, façon de manger, fondue bourguignonne, recette

 Dans Elle

Les conversations petites bourgeoises

Travaille/reste – au-dehors/à la maison

On n’échappait pas à Economiquement

Cc de temps

CL de la tension Jeune ménage : mise en relief de la jeunesse (doit faire ses preuves)

Pronom indéfini

Gradation : satisfaisant (bien) > très satisfaisant parce qu’on l’a comparé à ses pairs (les autres membres de la fratrie)

Accumulation d’infinitifs

Enumération d’objets (voilages, canapé, baffles) et de leurs qualités (« vénitiens » donc luxueux / velours (douceur) / puissance (efficacité) Fin de l’énumération : service de mariage

T impersonnelle : met en valeur les verres qui font défaut

CL du repas

Parenthèse (crochets) : remarque d’importance ; Elle = magazine féminin (déjà) célèbre pour ses recettes originales et modernes

GN péjoratif

Sujet de s’engageaient

Adverbe mis en valeur (antéposé)

Antithèses

Autre scène-clé : après les discussions de femmes autour de tout-petits, le déjeuner familial, institution souvent dominicale indispensable à l’intégration dans la famille transgénérationnelle.

Or ce déjeuner, loin d’être un simple moment de convivialité, génère d’abord de la tension ; c’est que le « jeune » couple, comme la jeune femme, doit se montrer à la hauteur de la place que lui assigne la société. « ménage » renvoie à la tenue de son intérieur.

Là encore, le ménage est un archétype => généralisation opérée par le pronom indéfini.

 Le déjeuner est l’occasion d’une démonstration (au sens où on veut se montrer) ; elle est adressée à la génération précédente (belle-famille : peu importe que ce soit celle du mari ou de la femme ; et peut-être les 2) et aboutit à un jugement, sorte d’adoubement de ces nouveaux chevaliers de la consommation par les chevaliers plus expérimentés. Les termes mélioratifs (bien installés) sont importants, et ils le sont d’autant plus qu’ils résultent d’une comparaison qui a du sens, avec ses pairs de la même génération (les autres membres de la fratrie) ; il ne s’agit pas d’être bons mais meilleurs que leurs proches du même âge qui pourraient leur faire de l’ombre. Le déjeuner est un procès dont on attend le verdict avec « anxiété ».

La tournure « faire + infinitif », reprise 2 fois (l’infinitif « faire » est élidé) montre que les hôtes sont acteurs (ils poussent leurs invités à faire des actions). C’est une sorte de visite guidée de l’intérieur du ménage, qui mobilise les sens (toucher, ouïe) et a pour but l’éloge (de « faire admirer » : ils sont donc présentés de manière à susciter cette admiration ; le ménage se comporte comme un concessionnaire vantant le dernier modèle d’automobile).

Les objets énumérés composent un décor raffiné (des voilages préférés aux rideaux plus lourds), moderne (canapé) et favorisant le divertissement (l’écoute de la musique) en plein essor dans la société de consommation. Les qualités précisées systématiquement laissent penser que tout a été choisi avec soin, comme dans les « maisons-témoins » des promoteurs du bâtiment. Le « service de mariage » est le point d’orgue, l’indice du confort bourgeois, réunion de l’institution familiale dont le mariage est une fondation, et de la possession de biens cossus.

 Être, c’est d’abord avoir, et montrer qu’on a. Le manque de verres est une légère fausse note - vite chassée par la qualité du plan de table, souligné par le modalisateur (réussit à). Toutefois « caser » sous-entend le manque de place (pour 6, sans doute) ; l’appartement exigu est celui d’un « jeune ménage » peu argenté – et que sa belle-famille, qu’il est donc vital de choyer- peut aider financièrement !

Le repas est à la fois un topos romanesque et un indice social et générationnel : les sujets ne sont donc pas originaux, mais témoignent d’une époque : celle où les femmes évoluées renouvellent les recettes traditionnelles en lisant le magazine féminin qui donne le ton (le pronom indéfini « on » rappelle cette généralisation), « Elle », et qui leur fait découvrir la « fondue bourguignonne », recette qui sortait alors de sa diffusion régionale, mais qui nécessitait une sorte de rituel.

Les conversations sont disqualifiées d’office par la narratrice, avant même d’en connaître le contenu

elles semblent personnifiées (sujet de s’engageaient, comme si les individus n’y étaient pour rien) => conversations mécaniques, attendues, envahies par les clichés, résumés dans une énumération. Travail : société de plein emploi => concerne tout le monde chez les hommes, et commence à concerner de plus en plus de femmes ; loisir : accroissement du nombre de départs en « vacances », liée à la « voiture » dont la production connaît une croissance exponentielle (2CV, 4L, 4CV, Ami 6, etc.) ; potpourri culturel non précisé (San Antonio - les convives l’ont-ils vraiment lu ? – chansons de Dutronc) ou focalisé sur un trait caricatural (laideur/ Sapritch – Antoine/cheveux longs). Là encore, le sujet s’impose à tous parce qu’il est une préoccupation sociale générale.

La question est traitée du seul pt de vue comptable, financier (« rentable » : adj curieux appliqué au couple !) et non du pt de vue de l’émancipation de la femme.

La double antithèse oppose deux visions sociales, 2 mondes

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