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Les Fausses Confidences / Marivaux

Dissertation : Les Fausses Confidences / Marivaux. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires

Par   •  5 Janvier 2022  •  Dissertation  •  2 058 Mots (9 Pages)  •  38 954 Vues

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        Avant que le lecteur intéressé se lance dans la l’étude de ma dissertation, il me parait nécéssaire de l’éclairer sur les conditions dans lesquelles a été réalisé ce que j’ai écrit. Le sujet théâtral sur lequel j’ai eu à disserter et dont je retranscris ma réponse ci-dessous est celui qui fut proposé au bac de français 2021. Cependant, j’ai était amené à rédiger cette dissertation dans le cadre d’un des bacs blancs organisés par mon lycée en vue de préparer le bac de français 2022. Le sujet qu’a choisi mon professeur fut en effet le même que celui du bac officiel de l’année précédente, dont je n’avais d’ailleurs pas connaissance. Je tiens dernièrement, sans aucune prétention, à insister sur la fiabilité de ma dissertation, ayant obtenu 20/20 à ce premier bac blanc. Suite à ces éclaircissements, je souhaite une agréable lecture de ma prestation.

Sujet : Dans les Fausses Confidences de Marivaux, le stratagème théâtral n’est-il qu’un ressort comique ?

Vous répondrez à cet question en vous appuyant sur la pièce de Marivaux.

        Au XVIII siècle, le théâtre est divisé entre les Anciens et les Modernes. Contrairement aux auteurs classiques, qui décrivaient les exploits de héros dans leurs pièces, les Modernes (Crébillon, Marivaux, Voltaire) dépeignent seulement les Hommes, avec leurs doutes, leurs hésitations, leurs défauts. C'est ainsi le cas des Fausses Confidences, comédie en trois actes écrite par Marivaux et jouée pour la première fois par les comédiens - Italiens en 1737. Dans cette pièce est mis en scène Dorante, un jeune homme ruiné et amoureux d'Araminte, une riche veuve bourgeoise. Ainsi, par la ruse de son ancien valet, Dorante va devenir l’acteur d'un grand nombre de stratagèmes afin qu'Araminte, bien que socialement supérieure à ce dernier, finisse par céder et accepter son amour. De ce fait, les différents stratagèmes mis en scène sont en quelques sortes un "ressort comique" qu’utilise Marivaux afin de faire rire son public. Cependant, ces "ruses de guerres" permettent aussi d’introduire d'autres dimensions dans cette pièce. Ainsi nous nous demandons quelles dimensions théâtrales les stratagèmes mettent en place dans Les Fausses Confidences. Tout d'abord, nous verrons que Marivaux utilise en effet ces tromperies dans le but de faire rire son public. Ensuite, nous étudierons la dimension stratégique et tactique de ces ruses ; pour enfin nous intéresser à la manière dont l'auteur invite son spectateur à la réflexion.

        Le théâtre de Marivaux est un théâtre comique, visant par conséquent à provoquer l’hilarité du spectateur.

        En effet, les différents stratagèmes génèrent des situations purement comiques. Le spectateur assiste en effet à des comiques de situation, premièrement dans l’acte II scène 2, lorsque M. Rémy déclare qu'il prend celle que Dorante aime pour une "guenon", devant Araminte. Ce comique est accentué aussi par la question que M. Rémy pose ensuite à Araminte, lui demandant son avis sur cela, alors que c'est elle-même qui est insultée. L'embarras dans lequel est plongé Araminte, ne pouvant pas se révéler, amuse donc le spectateur. Nous assistons ensuite à un autre comique de situation à l’acte I scène 15, lorsque Dorante, obligé de révéler son amour à Araminte, "se jette à ses genoux" (didascalies). Ce geste pathétique devient ainsi drôle d'autant plus que Marton entre à ce moment là et voit ainsi celui qu'elle aime aux genoux de sa maitresse. Marivaux, grâce aux ruses qu'il met en scène, crée donc des situations embarrassantes qui, par leurs effets comiques, amusent le spectateur.

        De plus, Marivaux cherche aussi à faire rire son public grâce aux comiques farcesque et de mots. Il se sert en effet d'Arlequin, qu'il montre comme un valet-bouffon, toujours en décalage avec les stratagèmes, pour créer son comique farcesque. En effet, dans l’acte I scène 1, Arlequin cherche absolument à désennuyer Dorante, ne saisissant pas que ce dernier désire être seul. Arlequin, fidèle à son rôle dans la commedia dell'arte, révèle donc sa stupidité dès la première scène. Un autre comique est aussi mis en place dans l’acte I scène 8, lorsque Arlequin, presque en pleurant, montre ridiculement son incompréhension quand Araminte lui annonce qu'elle le donne à Dorante. Arlequin gémit alors "Quoi ! Ma personne me m'appartiendra donc plus" : remarque ridicule et comique qui met en lumière toute sa stupidité d'esprit. De plus Marivaux crée aussi des comiques de mots, comme celui de Mme Argante dans l’acte III scène 8 : "Que j'adore ! ah! que j’adore!". Cette antanaclase est donc utilisée pour opposer les sentiments de Dorante et ceux de Mme Argante, en utilisant deux fois le même terme. Nous voyons aussi le jeu de mots de Dubois à l’acte I scène 2, lorsqu’il dit à Dorante que sa "bonne mine est un Pérou". Ce compliment habile fait donc référence au teint de Dorante ainsi qu'aux richesses minières du Pérou.

        Ainsi, Marivaux, en mettant en scène les nombreux stratagèmes, insère les différents comiques qui en découlent. Cependant, ces duperies ont aussi une fonction importante dans l’intrigue de la pièce.

        Le stratagème a aussi une dimension tactique dans la pièce, c'est "une marche vers l’aveu" (Jean Rousset), poussant fatalement l’intrigue vers son dénouement.

        En effet, de nombreux accessoires sont utilisés par Dubois, ainsi que la manipulation de nombreux personnages, poussant inévitablement Araminte à se révéler. Tout d'abord, dans l’acte II scène 9, nous assistons au premier stratagème : celui du portrait miniature. Dubois utilise donc la naïveté et la sentimentalité de Marton pour qu'elle révèle ce portrait, rendant d'abord Araminte jalouse, puis lui prouvant l'amour de Dorante. Juste après, une deuxième tromperie est mise en place : celle du tableau. En usant de la naïveté d'Arlequin pour créer une dispute, Dubois révèle donc à Mme Argante et au Comte la passion de Dorante, plongeant Araminte dans un grand embarras, dont elle parvient tout de même à se sortir. Cependant, le malicieux valet va l’obliger à montrer à sa mère qu'elle accepte l’amour de Dorante lors de l’acte III scène 8, quand il fait parvenir une lettre dans laquelle Dorante avoue ses sentiments à un soi-disant ami. Ainsi, grâce aux accessoires et à sa ruse, Dubois pousse Araminte à faire tomber son masque social de femme raisonnable, l'obligeant à avouer devant sa mère qu'elle aime Dorante.

        De plus, Dubois use aussi de sa rhétorique afin de faire baisser la garde d'Araminte. En effet, lors de l’acte I scène 14, Dubois fait le récit hyperbolique de la rencontre entre Dorante et cette dernière. Il utilise les termes "extravague d'amour", "tombé fou", "comme extasié", "la cervelle brulée", afin de montrer à Araminte l’état d'adoration dans lequel s'était trouvé son ancien maître. De plus, Dubois flatte aussi sa maîtresse, en lui déclarant que que Dorante "donnerait sa vie pour avoir le plaisir de [la] contempler un instant". De ce fait, Dubois parvient à charmer Araminte grâce à ses flatteries sur Dorante, prouvant ainsi que l’amour est souvent une question d'amour propre. De plus, Dubois va aussi apitoyer Araminte sur le sort de Dorante, lors de l’acte II scène 9, en disant que son ancien maître était "plus mort que vif", "si pale, si triste et si défait".  Cette accumulation d'adjectifs ainsi que la répétition de l’adverbe d'intensité "si" met en avant toute la détresse dans laquelle Dorante se trouve, ce qui révèle encore une fois à Araminte la sincérité de ses sentiments.

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