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Posséder Le Je

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d’une personne. En disant « je », je sais que je suis.

Donc a priori Kant s’attache à une thèse évidente. Depuis Descartes, c’est cette évidence qui va permettre de fonder tout un système de valeurs, celui du sujet qui pense, le sujet digne et responsable grâce à la reconnaissance de sa subjectivité.

Nous pouvons donc souligner que pour le moment ce texte de Kant est dans la droite lignée du travail cartésien.

Mais il reste un concept à éclaircir pour comprendre totalement la première phrase, celui de représentation. Posons que c’est l’acte de se faire une idée de soi-même. Cette idée est un problème, car on ne peut s’observer, et donc l’image qu’on a de soi-même est toujours indirecte. Nous ne sommes pas un phénomène pour nous-mêmes. Et cette représentation n’est pas une connaissance objective.

, c'est-à-dire une idée qui n’est pas une connaissance à proprement dit, mais un point de repère nécessaire, pour pouvoir construire notre identité.

Si ce n’est, explique Kant, que je sais que je suis la même personne, car je suis capable de dire et de penser je au départ de chacune de mes actions

Autrement dit, ce n’est pas parce que nous constatons que nous sommes une personne que nous disons je, mais au contraire parce que notre langue nous amène, grammaticalement, à dire et penser je, que nous pouvons connaître une forme d’unité, au milieu du divers des représentations que je me fais de moi-même, et qui sont si différentes les unes des autres.

Cette remarque est soutenue par le mot suivant : le pouvoir, c'est-à-dire une capacité à. Il ne s’agit pas d’un constat, ni d’une connaissance, mais d’un pouvoir. Nous pouvons dire je, car c’est notre langage qui nous le permet, et cela va favoriser une unité. Ainsi cette première phrase se révèle très riche philosophiquement. Voyons ce qu’elle va supposer comme conséquences :

Deuxième axe majeur de ce texte : cette unité du sujet fait de nous une personne, et nous élève au dessus de tous les autres êtres vivants. Nous sommes une personne, et cela va prendre une dimension morale.

Cette élévation mérite un développement : il s’agit bien entendu de la réflexion sur la différence entre l’homme et les animaux. Il y a pour Kant une différence de nature entre l’homme et les autres êtres vivants de la nature, mais ce qui anime le questionnement de Kant, c’est également le problème du sort privilégié offert par Dieu à Adam dans la Genèse. La dignité offerte à l’homme, et la possibilité qui lui a été donnée de dominer la Terre et les animaux, réduits au rang d’objets, doivent être justifiables aux yeux du philosophe. Kant comme tout philosophe ne se contente pas des Vérités révélées, s’étonne de ce qu’il lit dans la Bible.

Si l’homme est au cœur de la création, c’est qu’il n’est pas qu’un corps dominé par les sensations, mais aussi un esprit qui possède des idées. L’homme est un être avec une double dimension, sensible et intelligible.

L’usage du je est d’autant plus important, qu’il permet, aux yeux de notre auteur, de constituer une unité, face aux changements du corps et des sensations. Kant entend faire primer la représentation, peut-être idéaliste mais pratique, que nous possédons de nous-même, face à la succession des perceptions de nos sensations corporelles. Je juge que je suis une personne, et cela me permet de me considérer moralement digne.

Rappelons la définition philosophique de la personne : une personne est un être qui n’a pas besoin de justifier son existence par une quelconque utilité pour exister. Il est une fin en soi contrairement aux choses construites par l’homme (des artefacts) qui n’ont été conçus que par rapport à une utilité, et les animaux qui peuvent être sauvegardés s’ils nous sont utiles, mais détruits s’ils deviennent nuisibles.

L’homme domine le monde, du fait qu’il peut dire je dans sa représentation, c'est-à-dire qu’il a conscience de lui-même.

Après ces importantes remarques sur la place de l’homme au sein de la nature, Kant, dans sa troisième partie, revient sur le problème des langues, qui formulent le support du je. Notre langue, comme la plupart des langues européennes, nous oblige à mettre un sujet devant le verbe, et c’est un point de grammaire qui enrichit notre propre conscience.

La question philosophique est plus complexe que ce simple constat. Nous pouvons la formuler ainsi : La langue est-elle antérieure à la pensée, ou au contraire.

La réponse de Kant est claire, à condition de prendre la phrase à l’envers pour bien la saisir : certes l’entendement, c'est-à-dire la faculté de comprendre, est premier et donc la pensée permet le développement du langage ; mais le langage permet d’enrichir et de donner une forme intelligible à la pensée. Hegel le résume par cette formule-slogan : penser sans les mots est une tentative insensée.

Toutes les langues doivent penser le je, même si elles ne l’expriment pas par un mot particulier. Le mot est la forme de la pensée ; l’expression est l’acte de faire ressortir une pensée intérieure de manière intelligible, compréhensible pour les autres. Nous pouvons expliquer que la langue est la « publicité » (c'est-à-dire l’acte de rendre public) de la pensée.

Tout le texte de Kant peut se ramener à la formule énoncée en 1637 par Descartes dans le Discours de la Méthode : Je pense, donc je suis,

Enfin, dernière partie de ce texte, le philosophe allemand fait référence à ce sujet que l’enfant devient lorsqu’il commence à parler à la première personne. Auparavant il ne faisait que

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