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Fiche De Lecture "Sur La Télévision"

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cipal le champ journalistique, à l'intérieur duquel se trouve la télévision. Le but de Bourdieu lorsqu'il publie ce livre dresse une analyse détaillée du fonctionnement et de la structure du champ journalistique et livre ses pensées à ce sujet, et en particulier sur la télévision.

Dessin : Jean-Olivier Irisson

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II. CONCEPTS ET IDÉES CLÉS DE LʼOUVRAGE

Divisé en deux parties («Le plateau et ses coulisses» et «La structure invisible et ses effets»), Sur la télévision regroupent un certain nombre de concepts et dʼidées clés sur lesquels Pierre Bourdieu sʼappuie pour étayer son propos. Voici une sélection des plus importants.

La télévision : un danger à la démocratie et à la politique Dʼaprès Pierre Bourdieu, la télévision fait courir un danger à la démocratie et à la politique dans la mesure où la place accordée à des faits divers ou des faits dits «omnibus» est importante. Sans enjeu, ne choquant personne et faisant le consensus puisquʼils ne touchent à rien dʼessentiel, ces faits divers et «omnibus» occupent une place de choix dans lʼinformation. Prenant un temps précieux à être développée et illustrée, cette «pseudo-information» finit par supprimer le temps qui pourrait être employé à dire autre chose, comme des faits politiques développés par les quotidiens nationaux par exemple. De cette forte différence de ligne éditoriale entre la télévision et la presse écrite résulte un important clivage au sein de la population. On distingue ainsi les personnes qui sʼintéressent à lʼactualité et vont la chercher là où elle se trouve, via la presse écrite - moyen dʼinformation considéré comme «sérieux» par Pierre Bourdieu - (Le Monde, Le Courrier International, Le Monde Diplomatique, etc.), et les autres qui ne sʼinforment que par la télévision. Dʼaprès le sociologue, les premiers peuvent exercer pleinement leurs droits démocratiques puisquʼils ont accès à une information riche et complète. Pour ce qui est de la deuxième catégorie de population, la chose est toute autre. Face au néant informationnel envahissant les écrans de télévision, Pierre Bourdieu considère que le droit à la démocratie des citoyens-téléspectateurs est tout simplement supprimé. En effet, les faits présentés à la télévision sont constitués de sorte à faire diversion : ils détournent lʼattention des personnes qui pourraient se focaliser sur un fait de plus grande importance - souvent relayé par la presse. Aussi, le peu de temps accordé à un sujet à la télévision, lʼest à un fait de moindre importance. Un fait qui, de plus, est souvent traité de façon sensationnaliste de sorte à attirer encore un peu plus lʼattention. Face à un tel phénomène, les informations précieuses qui pourraient avoir de gros enjeux finissent donc par rester secrètes.

La pensée réflexe, ou le fast-thinking Pour Pierre Bourdieu, répondre à une question demande un temps de réflexion plus ou moins long ainsi quʼune démonstration développée et bien structurée. Or, comme jʼai pu le souligner dans le paragraphe précédent, le temps est une denrée limitée à la télévision. Pour cette raison, les journalistes ne convoquent que des intervenants répondant rapidement aux questions en allant droit au but. Cʼest ainsi que naissent des réponses totalement dépourvues dʼexplication et de raisonnement logique. Ces «fast-thinkers», comme les qualifie Bourdieu, construisent un raisonnement simpliste fait dʼidées reçues, sur un sujet donné qui nʼest finalement rien de plus que ce lʼécrasante majorité des téléspectateurs répondrait. Lʼinformation transmise, si tant est quʼil y en ait une, ne vaut donc pas grand chose et le débat nʼa jamais lieu.

La légitimité dʼun passage à la télévision Si un passage télévisé se résume à lʼexpression de banalités, pourquoi les intervenants répondent-ils positivement à lʼinvitation des journalistes ?

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Pour Bourdieu, les participants acceptent lʼinvitation uniquement dans le but dʼêtre vu et dʼêtre (re) connu. La télévision est en effet un mass-media. Celle-ci leur permet de diffuser une information à une très grande part de la population, quelque soit leur statut social, ce que ne permet pas la presse quotidienne nationale. Aussi, utilisée à bon escient, la télévision peut être utile pour diffuser des programmes intéressants où sʼexpriment et se confrontent des interlocuteurs, qui ne se connaissent pas, qui ont des arguments et qui ne sont pas payés pour parler et manipuler les masses. Avant donc de «passer à la télévision» Pierre Bourdieu invite donc les intervenants à se pencher sur lʼintérêt dʼun passage et la qualité de lʼinformation à diffuser.

La force de lʼaudimat sur la production culturelle Selon Bourdieu, lʼaudimat (taux dʼaudience dont bénéficie les chaînes de télévision) est à lui seul responsable du contenu des productions culturelles. En effet, pour être certain dʼobtenir un passage télévisé, les auteurs, les cinéastes, chanteurs et jʼen passe, doivent se plier à la logique quʼimpose la télévision. Cette logique, «commerciale», puisquʼil faut la nommer, a introduit une «mentalité audimat» dans les rédactions des quotidiens nationaux ou dans les maisons dʼédition : on pense dʼabord en terme de succès commercial avant de penser au succès critique. Ainsi, dʼaprès Bourdieu, les productions culturelles ne sont plus aujourdʼhui que le miroir de ce que propose la télévision, à savoir des productions sans âme mais qui plaisent à la majorité.

Une banalisation du contenu diffusé Aussi, à travers Sur la télévision, Pierre Bourdieu démontre que toutes les causes citées ci-dessus entraînent la banalité des émissions, des séries, des sujets diffusés sur les antennes de télévision, et plus généralement, de tous les domaines en étroite collaboration avec le champ journalistique. Ceci sʼexplique par le fait que le champ journalistique impose des contraintes strictes auxquelles tout à chacun doit se plier sʼil souhaite obtenir une importante exposition télévisuelle, chose que la presse écrite ne permet pas. Un tel effet de la recherche de lʼaudience conditionne le contenu télévisuel, et par la même occasion, conditionne la demande des téléspectateurs. Peu enclins au changement, ces mêmes téléspectateurs sont demandeurs dʼun certain type de contenu, à savoir celui proposé par la télévision. Cʼest ainsi que Pierre Bourdieu met en avant le cercle vicieux «contenus TV téléspectateurs» quʼil existe. Non conscients dʼêtre manipulés, ces derniers nʼexpriment pas leur mécontentement face au caractère banal du contenu proposé. Cʼest pourquoi, dʼaprès Bourdieu, la culture est en danger dans la mesure où le contenu télévisuel, et celui de tous les champs qui lʼentoure (comme lʼart par exemple), nʼest pas appelé à changer,

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