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La Rochefoucauld La Paresse

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plaire pas à tout le monde, parce qu'on trouvera peut-être qu'il ressemble trop, et qu'il ne flatte pas assez. " écrit La Rochefoucauld dans son avis au lecteur. La maxime est une appréciation portée sur le comportement des humains ou un jugement philosophique de portée très générale. La brièveté de l'énoncé doit en favoriser la mémorisation, mais également frapper l'esprit. Historiquement, certains auteurs tragiques du XVIème siècle avaient pour habitude de mettre en relief, par des guillemets, au sein de leurs œuvres, des sentences qui leur semblaient riches d'enseignement et devaient frapper l'esprit des lecteurs et des spectateurs. Le goût pour l'élaboration des maximes dans les salons au XVIIème siècle est issu de cette pratique.

La maxime se médite, se lit et se relit, elle ne se donne que rarement pour elle-même. C'est la raison pour laquelle la constitution d'un recueil de maximes est subtile : il faut préserver la valeur lapidaire, laconique, de chaque maxime, prise isolément, tout en luttant contre le risque d'éparpillement de l'intérêt du lecteur. La Rochefoucauld a choisi le savant désordre : les maximes sont numérotées et sont regroupées en suivant une thématique précise : amour-propre, fausses vertus ou égoïsme... Les maximes se succèdent souplement, se faisant parfois écho. Cet agencement permet de maintenir l'unité thématique, tout en offrant au lecteur une diversité des sujets abordés. La forme de la maxime est particulière en ce qu'elle enferme en quelques mots, bien pesés et choisis, des assertions qui doivent susciter l'étonnement ou la réflexion du lecteur. Le plus souvent, elle se présente sous la forme d'un paradoxe, car elle nie une idée partagée par tous, elle contredit l'opinion commune. Chez La Rochefoucauld en particulier, elle adopte volontiers la structure suivante: cette vertu (toute apparente) est en réalité un vice : « La clémence des princes n'est souvent qu'une politique pour gagner l'affection des peuples." Autre exemple de ce même renversement : " La constance des sages n'est que l'art de renfermer leur agitation dans le cœur. " Ces structures, ces tournures qui reposent bien souvent sur des formulations restrictive, permettent de dévoiler, de démasquer de fausses évidences. La maxime se caractérise également par sa " pointe ", c'est-à-dire sa chute (in cauda venenum, recommandaient les auteurs latins !). L'effet de surprise qu'elle génère doit piquer au vif l'intérêt du lecteur et l'inciter à méditer les raisons de cette surprise, ou à en rire, selon les maximes. On peut ainsi citer cette maxime de La Rochefoucauld à propos de l'intérêt personnel : " L'intérêt parle toutes sortes de langues, et joue toutes sortes de personnages, même celui de désintéressé. " Ou bien encore celle-ci : " Nous avons tous assez de force pour supporter les maux d'autrui. ". Autre maxime visant cette fois les beaux parleurs : " On ne donne rien si libéralement que ses conseils. "

Le style laconique et la pointe sont nécessaires, car pour faire admettre le fond de la maxime, souvent désenchanté ou désabusé, voire accusateur, il faut y mettre des formes. De plus, la variété des tournures syntaxiques doit contrebalancer l'impersonnalité de la voix qui s'exprime dans des maximes telles que celles-ci par exemple : " Quoique les hommes se flattent de leurs grandes actions, elles ne sont pas souvent les effets d'un grand dessein, mais des effets du hasard. " / " Quelque soin que l'on prenne de couvrir ses passions par des apparences de piété et d'honneur, elles paraissent toujours au travers du voile. " / " Nous avons plus de force que de volonté ; et c'est souvent pour nous excuser à nous-mêmes que nous nous imaginons que les choses sont impossibles. " Comme le dit si bien le critique Jean Starobinski, chez La Rochefoucauld, « Le bonheur de la forme contrebalance la noirceur du fond. L'effort du style est proportionnel à la tristesse de la leçon ». Mais la forme ne fait pas tout, et le lecteur accepte plus facilement les vérités qui ne le concernent pas que celles qui le renvoient à son inanité, à sa vacuité, à sa misère. C'est ce que signale ironiquement le philosophe Alain lorsqu'il écrit que " Les maximes générales sont surtout bonnes contre les peines et les erreurs du voisin. " Mais La Rochefoucauld a bien compris que l'adhésion du lecteur ne pouvait aller de soi. C'est la raison pour laquelle dans l'avis au lecteur des Maximes, il ménage la susceptibilité du lecteur, sans pour autant renoncer à l'enjeu didactique, en lui proposant un mode d'emploi de ses maximes: " En un mot, écrit-il, le meilleur parti que le lecteur ait à prendre est de se mettre d'abord dans l'esprit qu'il n'y a aucune de ces maximes qui le regarde en particulier, et qu'il en est seul excepté, bien qu'elles paraissent générales ; après cela, je lui réponds qu'il sera le premier à y souscrire, et qu'il croira qu'elles font encore grâce au cœur humain. "

Qu'en est-il de la postérité de la maxime ? Les dictionnaires et manuels scolaires ont tranché : la maxime est un genre passé de mode, et seul La Rochefoucauld y a conquis ses lettres de noblesse. Il est vrai qu'il a synthétisé avec brio l'état d'esprit de son époque, âge d'or des maximes. On a dit que la maxime, lapidaire et brillante, n'était pas suffisante pour parler de l'homme. Pourtant, du philosophe Pascal à Nietzsche et Cioran, en passant par La Fontaine, La Bruyère ou Vauvenargues ou Baltasar Gracian, la forme brève (pensée, sentence, remarque ou aphorisme), a prouvé qu'elle était apte à " nous donner des nouvelles un peu sûres de nous ", pour reprendre l'expression que Marivaux appliquait à la littérature romanesque.

[deuxième alinéa : résumer de manière synthétique et brève le contenu de cette maxime MS 53]

Sans la paresse, la terre serait une Géhenne, la vie serait un supplice sans fin, une torture. Dans cette amère aventure de l'existence, l'homme trouve dans la paresse un répit et un repos. La paresse nous délasse, elle dissipe nos soucis, car elle amène sérénité et paix intérieure. Pour le moraliste La Rochefoucauld, « le repos de la paresse est un baume secret de l'âme, qui suspend les plus ardentes poursuites ». La paresse sert donc de bouclier, de protection contre le surmenage symbolisé par le rocher de Sisyphe [dans la mythologie grecque, le fils d'Eole et d'Enarété, Sisyphe avait osé défier les dieux de l'Olympe. Pour le châtier, Zeus le condamne à faire rouler éternellement un rocher dans le Tartare ; il devait le hisser jusqu'en haut d'une colline, mais avant de parvenir au sommet, le rocher redescendait inexorablement). Pour notre auteur, la paresse « est la plus ardente et la plus maligne » de toutes les passions humaines. C'est se tromper que de croire qu'il n'y ait que les violentes passions amoureuses, qui domineraient toutes les autres. La paresse, toute languissante qu'elle est, peut-être la maîtresse de notre cœur. Elle prend le pas sur toutes les actions de notre vie, elle occupe une place de premier plan dans nos desseins, dans nos projets. « On s'est trompé, écrit par ailleurs La Rochefoucauld, quand on a cru qu'il n'y avait que les violentes passions, comme l'ambition et l'amour, qui pussent triompher des autres. La paresse ne laisse pas d'en être souvent la maîtresse ».

[troisième alinéa : annoncer le plan de son commentaire en dévoilant les deux grandes lignes d'étude]

I. UNE PASSION VIOLENTE, INCONNUE, DONC MYSTERIEUSE

A. MALIGNITE DE LA PARESSE : UNE VIOLENCE INSENSIBLE, UN FREIN AUX AFFAIRES HUMAINES

Quand on évoque la paresse, on pense d'abord à la paresse physique, qu'elle soit une nonchalance sensuelle ou un soulagement après le travail et la fatigue. La paresse est une forme de relâchement. Le contraire de la paresse est alors l'effort et le travail ... Il existe sans doute plusieurs types de paresse. Prenons la paresse physique, déjà évoquée par les psalmistes bibliques : « Le paresseux ne rôtit pas son gibier » (Livre des Proverbes, 12/17). Le paresseux, c'est celui dont les mains refusent de travailler. Si on prononce le mot paresse, les images et les idées qui surgissent sont des plus variées. De tous les péchés capitaux, la paresse est celui qui peut être vu et compris dans les sens les plus différents et même contradictoires. C'est pourquoi La Rochefoucauld prétend que cette passion soit « la plus maligne de toutes ». Dans le sens physique, la paresse est une forme de couardise. Le paresseux n'a pas le culte du travail : il manque de volonté, de détermination, de courage et de force (les moralistes latins considèrent la fortitudo – la force – comme l'une des quatre vertus cardinales, avec la prudence, la tempérance et la justice). Aujourd'hui, ce qu'évoque pour la plupart d'entre nous la paresse, c'est une forme de volupté. La paresse, c'est la fainéantise, la flemmardise, ou plus vulgairement, la « flemme »... Etymologiquement, paresse est issu du latin pigritia qui signifie « lent », « indolent », d'où le sens usuel

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