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Hugo Les Miserable Contexte Historique

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Cette édition présente l’avantage de ne contenir aucun résumé ni texte de liaison, et ce qu’on lit est donc exclusivement ce qu’a écrit Hugo. La réduction a supposé d’inévitables coupes, et l’on pourra regretter l’absence de tel ou tel passage. Mais n’oublions pas que l’accès à l’œuvre fut pour nombre de lecteurs l’accès à des scènes clés, à des moments forts ; le cinéma, qui a souvent adapté les Misérables, a lui aussi

▪ 2. Nous publions en parallèle dans ce numéro une étude sur le contexte historique des Misérables (voir p. 71).

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La réduction rend certains travaux impossibles. Les lecteurs chevronnés le savent, le charme d’un livre tient dans ses digressions. Et que serait Hugo sans ses longs développements sur l’argot, les égouts, Paris ou les petits-bourgeois de la Restauration ? De même, il est difficile d’envisager une véritable comparaison entre le début du roman et sa fin. Mais la pertinence d’un tel travail est aussi des plus discutables, puisque l’œuvre de Hugo ne se ferme pas sur le personnage qui l’ouvrait, même si tous deux sont des « justes ». Lire Hugo reviendra donc à faire des choix, les plus nombreux et divers possibles à l’intérieur d’une œuvre féconde et multiple. Cette édition sera conçue comme un prétexte, une invitation à parcourir l’ensemble du roman, à plus ou moins long terme. Il va de soi que les indications concernant la durée des travaux est approximative ; chacun consacrera à l’étude de l’œuvre le temps qu’il jugera bon pour sa classe. L’ordre des séances est également laissé à l’appréciation du professeur, qui pourra alterner les travaux de groupes et les études de textes.

L’ÉCOLE DES LETTRES I, n° 9, 1996-1997

© L’École des lettres. www.ecoledeslettres.fr. Reproduction et diffusion interdites

« LES MISÉRABLES »

En ce qui concerne les questionnaires auxquels les élèves devront répondre à la maison pour préparer les séances, nous conseillons de les

donner tous en même temps, si possible avant des vacances, afin qu’ils puissent planifier leur travail.

Plan de l’étude I. Contrôle de lecture (2 heures) 1. Le parcours de Jean Valjean 2. Fantine II. Le paratexte (1 heure) 1. Le titre 2. L’illustration 3. La table des matières 4. La préface III. Étude de quatre passages (4 heures) 1. Le point de vue a) L’arrivée de Valjean chez Mgr Myriel b) Le traquenard de Jondrette 2. Le spectacle de la violence a) La fosse d’Ohain b) La mort de Gavroche IV. Travaux de groupes 1. Itinéraires de personnages (2 heures) 2. Dimension historique du roman (2 heures) V. Devoir en classe (2 heures)

I. Contrôle de lecture

Les élèves liront à la maison les deux premières parties du roman (pp. 9 à 125), en tenant compte de quelques consignes simples.

Préparation à la maison 1. Repérez les noms des différents personnages et situez-les les uns par rapport aux autres. 2. Relevez les noms de lieux et mettez en relation les étapes et les dates. 3. Soulignez ce que sont pour vous les moments forts de l’intrigue.

1. La chronologie du récit

Plus complexes qu’elles n’y paraissent, ces questions permettront dans un deuxième temps de vérifier en classe que les élèves ont bien compris la chronologie du récit, qu’ils sont à même de situer les retours en arrière et de définir ce qui fait événement dans le roman.

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2. Les personnages

Un travail de contrôle de lecture (cf. fiche élève 1) sera prolongé par des travaux de groupe sur les personnages. Les présenter et les situer les uns par rapport aux autres, retrouver

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leur parcours à travers l’ensemble du roman permettra de comprendre comment l’écrivain tisse ses réseaux, comment il bâtit son intrigue d’un point de vue matériel. Ce travail est indissociable d’une étude des points de vue, et donc de la narration. 1. Le parcours de Jean Valjean Cet itinéraire (présenté de façon détaillée dans les travaux de groupe, voir le prochain numéro) le mène de Faverolles, dans la Brie, où il naît en 1769, au couvent du Petit-Picpus où il trouve refuge en 1824 (cf. Q. 1). Mais le roman commence en 1815 à Digne, où le forçat qui vient d’être libéré est accueilli par Mgr Myriel, l’évêque du diocèse, après avoir passé dix-neuf ans au bagne de Toulon pour le vol d’un pain. 1815, c’est aussi l’année de Waterloo et donc celle du « sauvetage » du colonel Pontmercy par le détrousseur de cadavres Thénardier. Marius vivra donc en quête de ce bienfaiteur, que son père lui a un jour demandé de remercier. C’est la fin d’une époque, celle de Napoléon, et le début d’une Restauration qui fait de Hugo et de ses semblables (Marius ou les mis de l’ABC) des orphelins. Il est donc important de noter que le repère choisi dans le temps est celui d’un double moment de vérité : sauvé par l’évêque d’un renvoi au bagne, Valjean choisit la voie de l’honnêteté (cf. Q. 2 et 3). La tentation survient avec l’épisode de Petit-Gervais et les premières larmes de l’ex-forçat qui a

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volé le petit ramoneur. Un silence suit, lors duquel le narrateur présente les autres personnages (Fantine, puis les Thénardier et Cosette), avant de revenir à Valjean qui a changé de nom : sous le nom de Madeleine (par référence à la pécheresse sauvée par Jésus), il est devenu maire de Montreuil en 1820. Les deux autres moments de vérité se produiront en 1823, lorsqu’il promet à sa mère de sauver Cosette, puisqu’il témoigne au procès Champmathieu, dévoilant sa véritable identité. Renvoyé au bagne, Valjean s’en évade pour récupérer Cosette et l’emmène à Paris, pourchassé par Javert. On attirera l’attention des élèves sur le parcours de Valjean à travers la France, mais aussi sur les ellipses et retours en arrière qui enrichissent la structure du roman. Au fil des expériences, Valjean se transforme aussi sur le plan moral. 2. Fantine Comparer les apparitions successives de Fantine permet de s’attacher à des signes qui se font écho : « C’était une jolie blonde [...] dans sa bouche » (p. 30). Cette brève citation résume la jeune femme (cf. Q. 4). Elle ne possède rien, sait à peine lire, ne sait pas écrire. Elle est « sortie des plus insondables épaisseurs de l’ombre sociale » (p. 30), est heureuse de vivre : « Ses dents splendides [...] sous les saules » (p. 32). Le bref amour de Fantine avec Tholomyès sera son seul moment de bonheur avant la chute. Mère célibataire, elle doit laisser sa fille aux

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« LES MISÉRABLES »

Thénardier. Pour les payer, elle vendra sa chevelure (p. 52) puis ses incisives (p. 53).

II. Le paratexte

Les Misérables étant l’un des premiers romans étudiés par les élèves, on s’attachera tout d’abord à ce qui constitue le paratexte. Ce travail part d’un questionnaire préparé à la maison (cf. fiche élève 2). Il s’appuie également sur la connaissance que les élèves peuvent avoir de l’intrigue grâce au cinéma, aux extraits étudiés en classe de fin de primaire ou de début de collège. Il permet d’éclairer l’œuvre romanesque, de montrer en quoi tout fait sens (ou peut faire sens, puisqu’une partie du paratexte est choix d’éditeur).

1. Le titre

Si l’on se réfère au Petit Robert, le mot « misérable » a d’abord une dimension morale ou psychologique (cf. Q. 1 et 2). Le misérable est celui qui « inspire ou mérite d’inspirer la pitié ». Il a pour synonyme « lamentable », « malheureux », « pitoyable ». Le misérable est aussi celui qui « est dans une extrême pauvreté, au bas de l’échelle sociale ». Puis on trouve le sens d’« insignifiant », « méprisable », « piètre ». Enfin, le mot prend une nuance péjorative et renvoie à « malhonnête »,

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« méprisable », et on trouve « méchant » parmi ses synonymes. Chaque sens renvoie à un ou des personnages du roman, à l’exception peut-être de Javert qui échappe à ces catégories. Il sera intéressant de faire relever que, spontanément, le mot nous rappelle la pauvreté matérielle, la situation dans laquelle se trouvent Fantine, Cosette chez les Thénardier, ou encore Valjean avant les épreuves du bagne. Le dernier sens du mot évoque Thénardier, qui est sans doute l’incarnation du mal dans le roman. Le choix final de ce titre, en 1862, montre une évolution de Victor Hugo vers la figure collective (cf. Q. 3). Dans une perspective plus romantique, l’écrivain a d’abord privilégié un héros, Jean Tréjean, faisant écho à Claude Gueux et au condamné

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