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Le Cauchemar De Johann Heinrich

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contemporains, le tableau évoque le rapport entre, d'une part l'incube et le cheval (une jument) et, d'autre part, les cauchemars. Cette œuvre a probablement inspiré le cauchemar de Mary Shelley qui donna naissance à son roman, Frankenstein ou le Prométhée moderne. Füssli et ses contemporains voyait dans cette expérience un rapport avec les croyances folkloriques, comme les contes germaniques au sujet des démons et des sorcières qui possèdent les personnes endormies. Dans ces histoires, des chevaux ou des sorcières rendent visite à des hommes et des femmes réputés avoir des relations sexuelles avec le diable. Cependant, l'étymologie du mot « cauchemar » n'a pas de lien avec les chevaux. En fait, le mot dérive du terme picard mare, emprunté au néerlandais mare (fantôme) qui, dans le folklore scandinave, désigne un type de spectre femelle malveillant, un esprit envoyé pour tourmenter et faire suffoquer les dormeurs. Cependant, le peintre étant suisse et ayant appris l'anglais dans sa jeunesse, on peut considérer la présence de la jument comme un jeu de mot : en anglais, jument se dit mare. Le peintre aurait donc fait apparaître ce cheval en tant qu'étranger de naissance. La signification première du « cauchemar » est celle d'un dormeur ayant un poids sur le torse combiné avec une paralysie du sommeil, une dyspnée ou un sentiment de crainte[3]. La peinture contient une grande variété d'imagerie liée à ces thèmes, représentant la tête d'une jument et un démon accroupi sur une femme.

Le Rêve du berger (1798).

Le sommeil et les rêves étaient des sujets habituels pour Füssli, même si Le Cauchemar est unique par son manque de référence à des thèmes littéraires ou religieux. Sa première peinture connue est Joseph interprétant les rêves du boulanger et du maître d'hôtel du pharaon[réf. nécessaire] (1768). Plus tard, il a réalisé Le Rêve du berger (1798) inspiré par Le Paradis perdu de John Milton, et Richard III visité par les fantômes (1798) basé sur la pièce de Shakespeare.

Füssli avait de grandes connaissances de l'histoire de l'art, ce qui a amené des critiques d'art à suggérer que ses peintures trouvaient leurs sources dans l'art antique, classique et de la Renaissance. Selon le critique d'art Nicholas Powell, la position de la femme pourrait venir d'une Ariane exposée au Vatican et le style de l'incube viendrait de figurines trouvées à Sélinonte, un site archéologique en Sicile[4]. La femme pourrait aussi être inspirée du tableau de Giulio Romano, Le rêve d'Hécube, conservé au Palais du Te[5]. Par ailleurs, Füssli a probablement ajouté le cheval après coup puisqu'un des croquis préliminaire réalisé à la craie ne le représente pas. La présence de ce cheval dans le tableau a été interprétée comme un calembour visuel sur le mot « cauchemar » (mare en anglais désignant la jument).

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Exposition[modifier]

Le Cauchemar (1783)

Gravure de Thomas Burke

Le tableau a été exposé la toute première fois à la Royal Academy de Londres en 1782, où il « a suscité.... un rare degré d'intérêt[6] », selon John Knowles, le premier biographe de Füssli. L'œuvre est restée très populaire pendant des décennies, ce qui a amené Füssli a peindre d'autres versions sur le même thème. Il a vendu l'original pour vingt guinées britanniques et une gravure de Thomas Burke (reproduisant le tableau) a circulé dès janvier 1783, faisant gagner à l'éditeur John Raphael Smith plus de 500 livre sterling. La gravure était sous-titrée par un court poème d'Erasmus Darwin, Cauchemar[7] :

« So on his Nightmare through the evening fog

Flits the squab Fiend o'er fen, and lake, and bog

Seeks some love-wilder'd maid with sleep oppress'd

Alights, and grinning sits upon her breast. »

Interprétation[modifier]

En raison de la popularité de son œuvre, Füssli a peint un certain nombre d'autres versions, dont ce tableau datant de 1790-1791.

Les critiques contemporains ont souvent trouvé le tableau scandaleux car il aborde des thèmes sexuels. Quelques années avant de peindre Le Cauchemar, Füssli était passionnément tombé amoureux d'une femme appelée Anna Landholdt à Zurich, alors qu'il voyageait de Rome à Londres. Il s'agissait de la nièce de son ami, Johann Kaspar Lavater, le physiognomiste suisse. Füssli avait écrit à Lavater en 1779 :

« La nuit dernière, je l'ai eue dans mon lit - mes mains chaudes et serrées l'étreignaient - son corps et son âmes ensemble ont fusionné avec les miens - j'ai déversé mon esprit, mon souffle et ma force en elle. Quiconque la touche maintenant commet l'adultère et l'inceste ! Elle est mienne, et je suis à elle. Et je l'aurai, j'espère... »

La proposition de mariage de Füssli rencontra la désapprobation du père de cette femme. En outre, l'amour de Füssli semble ne pas avoir été payé de retour car elle a épousé un ami de la famille peu de temps après. Cette expérience a sans doute eu une influence sur Le Cauchemar qui peut être vu comme une représentation personnelle de l'amour perdu. L'historien d'art américain H. W. Janson suggère que la femme endormie représente Landholdt et que le démon serait Füssli lui-même. Au soutien de cette interprétation, il fait état du fait qu'au dos de la toile représentant Le Cauchemar figure le portrait non achevé d'une femme qui pourrait être Landholdt.

La peinture de Füssli a également été perçue comme une sublimation des instincts sexuels[2]. Certaines interprétations

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