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Libres Ensemble, François De Singly

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ntemporain est paradoxal en ce sens où il conduit les adultes à rêver d'une vie qui cumule des moments de solitude et des moments de communauté.

Le mode de vie du « Living Apart Together » serait donc idéal, en ce sens où il s'agit d'être ensemble sans vivre ensemble au quotidien, afin de préserver le souci de soi. Mais de Singly part du constat suivant: le fait de vivre ensemble est nécessaire, voire même capital à la construction identitaire. Le mode de vie idéal (où du moins le mode de vie « normal », en ce sens où il suit des normes) serait donc autre.

L'auteur aborde plusieurs niveaux d'analyse: il accorde une importance particulière aux relations au sein du couple, c'est pourquoi nous développerons ce point de manière approfondie. Mais il m'a semblé intéressant de travailler aussi sur les relations au sein de la famille. De Singly consacre aussi une partie de l'ouvrage aux relations extra-conjugales et aux membres qui ne vivent pas dans la famille (personnes âgées en maison de retraite); mais cela ne semble pas être un point capital de l'ouvrage; c'est pourquoi nous nous y attarderons pas.

Il s'agira en premier lieu d'étudier les rapports au sein du couple, puis de se focaliser sur les relations dans la famille.

Les relations au sein du couple

Espace et vie commune

a) Vivre sous le même toit

-Faut-il vivre sous le même toit? Le développement des télécommunications (Internet, réseaux sociaux, téléphone...) semble détacher la notion de couple de l'espace commun: être en couple ne nécessiterait pas forcément d'habiter ensemble. Cette idée de séparation entre espace et couple est une caractéristique de la société moderne, où vivre avec son partenaire est considéré comme un enfermement dans des rôles pré-établis, dans une routine où il serait difficile d'être soi-même.

Ce qui complique la donne est le fait que parfois l'espace est partagé sans qu'il n'y ait de relations entre les habitants: c'est la colocation.

-De Singly pose quant à lui l'hypothèse suivante: vivre sous le même toit est un critère nécessaire à la vie de famille. D'autres sociologues s'opposent à lui: pour Kaufmann, la construction conjugale ne passe pas forcément par le partage d'un espace commun: le couple commence alors selon lui avec le partage de la machine à laver, qui incarne le partage des tâches du ménage.

Les rencontres entre les partenaires sous le même toit constituent ce que Goffman appelle interaction, c'est-à-dire l'influence que chacun a sur les actions de l'autre.

→ De nouvelles façons de vivre se sont développées avec la société moderne: colocation, vie de célibataire... Comment expliquer alors que le fait de vivre ensemble, à deux dans un même espace, reste la norme, en ce sens où c'est le mode de vie de la majorité des hommes et des femmes?

b) Les avantages du partage de l'espace commun

De Singly présente les avantages de la vie à deux au sein d'un même espace pour expliquer que ce mode de vie reste privilégié:

- la vie à plusieurs est une contrainte salutaire: elle permet d'apprendre à vivre avec les autres, et crée le lien altruiste. Le couple ne peut se construire que par l'échange, par les conversations. Les proches contribuent donc à la construction de l'identité.

- il souligne que la vie seule en continu a des inconvénients: elle peut priver l'individu de la reconnaissance identitaire que seuls peuvent lui accorder des proches.

→ les contraintes imposées par la présence des autres évitent une trop grande individualisation.

L'idée principale de De Singly serait ici que l'adulte n'a pas fini de se construire: il se construit par rapport au conjoint; chacun possède un « moi seul » et un « moi conjugal ». C'est ce qu'on appelle la socialisation secondaire.

c) Savoir doser les activités individuelles

Vivre avec autrui, c'est accepter que les règles ne soient pas définies et mises en place par soi seul: on perd le pouvoir absolu sur soi. Il faut donc savoir doser les activités relatives à l'individu seul et les activités relatives au couple.

- De Singly prend l'exemple du bruit, à travers la musique: l'alternance semble un bon compromis, puisqu'il s'agit pour chacun de faire un effort. La régulation par frottement a atteint son but.

- Le téléphone est lui aussi un frein à la vie conjugale, puisqu'il s'agit d'intrusions extérieures dans un temps qui est censé être dévolu au couple. Afin d'éviter cette superposition de l'individu « avec » et de l'individu « sans », mieux vaut répondre au téléphone lorsque l'autre n'est pas là: on récupère momentanément son statut d'individu « sans » et l'autre n'est pas blessé.

→ La cohabitation permet d'alterner le soi avec et le soi sans.

Faire ensemble et être ensemble

- L'intérêt de la vie à deux, c'est d'être ensemble. Paradoxalement, les individus sont plus ensemble mais font moins ensemble. Sandrine et Emmanuel le soulignent: « Au début, on avait l'impression de moins se voir qu'avant qu'on habite ensemble (…) Avant, on se faisait un ciné, on se baladait alors que là on sait que de toute manière on habite ensemble ».

- C'est alors qu'il est nécessaire de montrer que l'on tient compte de l'autre et que même si l'on est occupé, on n'oublie pas sa présence. Les carnets remplis par les couples au sujet du temps passé ensemble révèle qu'ils ne passent que peu de moments ensemble. Mais ils parlent beaucoup (on constate des échanges tout au long de la journée: le « ça va? » a toute son importance puisqu'il révèle l'attention portée à l'autre). C'est ainsi que l'on peu expliquer la contradiction qui concerne le dimanche: les couples accordent tous beaucoup d'importance au dimanche, qui doit être passé ensemble. Cependant, la réalité contredit ce principe puisque de Singly observe que les couples ne font rien de particulier le dimanche. Il s'agirait donc plus de partager un même espace que de faire véritablement des activités ensemble.

→ l'importance accordée aux petites attentions, au dimanche, font partie du travail de confirmation de la relation: nombreux, ces rituels de confirmation permettent au couple d'être ensemble et de faire ensemble: le partage de l'espace commun suffirait donc à rendre communes deux activités au départ séparées.

Une vision du couple qui dépend de certaines variables sociologiques?

Plus précisément, pour de Singly, homme et femme au sein d'un couple ne possèdent pas la même vision des choses. Lorsque l'auteur présente la socialisation par frottement (l'apprentissage du « vivre avec » au contact de l'autre), il expose deux versions: une version masculine, et une version féminine, grâce au témoignage de Séverine et Olivier.

L'homme n'anticipe pas ici les préférences de sa compagne et la laisse réagir a posteriori; pour lui, vivre avec Séverine suffit à lui prouver son amour et son engagement.

La femme interrogée quant à elle est nettement plus sévère; elle estime qu'Olivier ne fait rien pour la satisfaire, qu'elle tient plus compte de lui. Elle attend ainsi une reconnaissance supplémentaire. C'est là qu'on observe l'individualisme altruiste de la femme: elle se préoccupe plus de l'autre; cela révèle à la fois une dépendance et une « éthique de sollicitude ».

Conclusion: l'individu qui vit en couple se dédouble en permanence: avec ou seul. Il s'agit surtout de faire en sorte que l'intérêt individuel ne soit pas en contradiction avec l'intérêt collectif; c'est pourquoi l'individu se transforme dès lors que le conjoint rentre (comparaison avec le théâtre: le logement sans l'autre devient une coulisse pour se préparer).

L'identité, l'existence d'un soi ne peut exister que s'il est reconnu par l'autre. Il s'agit donc d'opérer un équilibrage entre le droit d'être soi-même et la revendication d'une vie à deux, par le biais de « va-et-vient identitaires ».

Les relations au sein de la famille

De Singly observe des processus comparables dans la relation entre parents et enfant; l'enfant comprend que le parent n'est pas toujours disponible. Il se socialise en apprenant à prendre en considération l'état de ses proches: il s'agit d'une « socialisation par frottement » entre jeunes et adultes.

→ l'enfant apprend à vivre avec les autres: il est aimé pour lui-même mais doit aussi respecter la vie des autres.

Les repas au fast-food

Le fast-food est caractéristique de la société contemporaine. L'auteur n'analyse pas le traditionnel repas familiale autour d'une même table, mais la façon dont

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