Fiche De Lecture L'Ingénu

nglais lors d'un assaut qu'ils mènent contre la Bretagne, le Huron part pour Versailles en vue d'y recevoir la récompense de ses services.

Chapitre 8

Sur la route de Versailles, il partage un repas avec des huguenots qui viennent d'être chassés suite à la révocation de l'édit de Nantes.

Chapitre 9

Sa présentation à la Cour ne se passe pas très bien. En effet, lorsque les membres de la Cour constatent ses manières, ils en concluent qu'il doit être un peu fou, en tout cas ne pas être sain d'esprit. Il est ensuite dénoncé par un espion du Père La Chaise le confesseur du Roi. On l'accuse d'être un ami des protestants et il est conduit à la Bastille pour y être enfermé.

Chapitres 10 à 12

Le Huron, à la Bastille, partage sa cellule avec un janséniste, le bonhomme Gordon, au contact duquel il développe son esprit.

Chapitres 13 et 14

Melle de Saint-Yves se rend à la Cour de Versailles et parle avec un Jésuite, le père Tout-à-tous. Elle obtient comme conseil, pour faire libérer le Huron, de demander sa grâce au ministre Saint-Pouange.

Pendant ce temps, Gordon comprend grâce à l'Ingénu qu'il s'est attristé pour des illusions.

Chapitres 15 à 18

Melle de Saint-Yves obtient de M. de Saint Pouange la promesse qu'elle obtiendra ses faveurs … en échange des siennes. Elle résiste cependant aux propositions de ce dernier. Elle décide donc de consulter le père Tout-à-tous qui lui laisse entendre qu'elle devrait être « utile » à son futur mari le Huron... C'est donc par sentiment de devoir et de vertu qu'elle cède, fait libérer son amour ainsi que le bonhomme Gordon.

Chapitre 19

Mais Melle de Saint-Yves est rongée par la culpabilité et tombe malade, après pourtant que tous aient été réunis et heureux.

Chapitre 20

Melle de Saint-Yves décède. M. de Saint-Pouange tente alors de se racheter une conduite et de réparer ce qu'il a fait.

L'Ingénu devient officier et Gordon adopte la phrase suivante pour devise: « Malheur est bon à quelque chose ».

II- PRESENTATION DES PERSONNAGES

L'Ingénu

Le Huron est un Indien (c'est le nom d'une tribu) qui arrive un jour en Bretagne au niveau de la ville de Saint-Malo. Il y rencontre les Kerkabon, et découvre rapidement que l'abbé de Kerkabon est en fait son oncle.

L'Ingénu, malgré le pseudonyme qui le désigne et qui a donné son titre au roman, a en fait de nombreuses qualités et fait preuve d'un grand charisme. Son amour avec Melle de Saint-Yves est condamné d'avance, car les règles sociales et religieuses l'interdisent. D'ailleurs, cette dernière en mourra...

Il incarne en fait les idées du mythe du bon sauvage, à savoir d'un grand sens de l'esprit, de gentillesse et d'innocence de certaines populations considérées comme primitives, et ce malgré un manque d'éducation. C'est Gordon, en cellule, qui comblera ce manque de connaissances.

Il est le pivot central du conte philosophique, car son rôle est d'observer sans préjugés et lui-même annonce qu'il « dit et fait tout ce qu'il pense », à l'image d'un enfant. Il est donc vecteur d'une vérité qui vient mettre en lumière les réalités d'une société et d'une époque.

Les Kerkabon

L'abbé et sa soeur accueillent le Huron dès son arrivée en Bretagne. L'homme a un grand sens de la générosité et est apprécié de son entourage; sa soeur, elle, est très croyante mais apprécie les plaisirs offerts par l'existence. Tous deux sont instantanément séduits par le charisme de l'Huron, malgré son manque flagrant de connaissances. Ce lien est ensuite renforcé par la découverte de leur lien familial: l'ingénu est en fait le neveu de l'abbé.

Cependant, malgré leur gentillesse, Voltaire utilise les Kerkabon pour ridiculiser l'Eglise et construire sa satire dès l'Incipit du roman (ouverture).

Gordon

C'est ce personnage, rencontré à la Bastille, qui vient construire l'éducation du Huron. C'est un janséniste qui lui transmet ses leçons et sa philosophie, souvent réfutés par le Huron par ailleurs. Leurs discussions sont en fait à double sens, car parfois l'Indien parvient à lui faire remettre en question ses convictions initiales.

Mademoiselle de Saint-Yves

Après avoir été désignée marraine du Huron, la soeur de l'abbé de Saint-Yves tombe amoureuse de l'Indien. Convaincue qu'elle pourra le faire libérer, elle accepte de coucher avec le responsable pour faire sortir son amant de la Bastille. Mais elle décède de culpabilité après être tombée gravement malade.

Le Père Tout-à-tous

C'est le nom de ce personnage qui est le plus intéressant à étudier. On peut y voir une référence à Toutatis (nom gaulois signifiant « père de la tribu »), à une devise jésuite (« s'oublier complètement pour être tout à tous ») ou bien encore à une épître de Saint-Paul : « Je me suis fait tout à tous pour les sauver tous ».

Quelle que soit la signification choisie, elle est ironique et ne s'applique pas du tout à la personnalité du Père Tout-à-tous, qui n'est pas aussi dévoué aux autres que son nom semblerait l'indiquer.

Le bailli

Il incarne la responsabilité de la justice royale en province. Malheureusement pour tous, c'est en fait un idiot qui sert à Voltaire de support pour mieux critiquer la monarchie.

III- AXES D'ANALYSE

Un roman de formation

L'Ingénu n'est pas qu'un conte philosophique véhiculant les idées de Voltaire. Il s'agit également d'un roman d'apprentissage. En effet, nous y suivons le Huron et ses tribulations en France, qui le font évoluer du « bon sauvage » intelligent mais peu cultivé à un homme sage, raisonnable et en mesure de faire évoluer les opinions d'hommes tels que le janséniste Gordon.

Certes, cet itinéraire n'est pas de tout repos: les aventures sont parfois picaresques, boufonnes, parfois grivoises, dramatiques à d'autres moments.

Une critique aux cibles multiples

Malgré tout, derrière les aventures divertissantes, Voltaire attaque violemment de nombreux aspects de la société dans laquelle il évolue.

On peut relever plusieurs critiques:

 Un pamphlet contre les jésuites, leur laxisme moral et leur caractère assoiffé de pouvoir. Voltaire en profite pour dénoncer le fait qu'ils assoient leur influence grâce au système du confessionnal et aux espions qui travaillent pour eux. (d'où le passage sur la dénonciation du Huron). En effet, l'auteur est particulièrement choqué par leur exercice de la casuistique, qu'ils opèrent de manière pernicieuse. Dans cette perspective, Voltaire s'en prend violemment à l'influence des jésuites sur Louis XIV, à travers notamment le personnage du père de la Chaise, son confesseur. Il apparaît alors comme le responsable de la persécution des protestants, mais aussi de l'emprisonnement de l'Ingénu en prison.

 Une critique contre les abus et la perplexité du pouvoir en place. A cet égard, le chapitre à la Cour versaillaise est un bon exemple de cette attaque politique. Lettres de cachet, vie d'oisiveté et de débauche, dénonciations, hypocrisie, intrigues et place prépondérante du clergé, rien n'échappe à la virulence de l'écrivain. Le Chapitre IX montre à quel point la Cour versaillaise fonctionne de manière absurde et inaccessible, car elle est totalement soumise à la hiérarchie en place. Les intermédiaires se succèdent, s'empilent, au point de devoir passer par des dizaines de personnes avant de pouvoir s'adresser au destinataire souhaité initialement.

Au sein de la Cour règnent également la corruption et une logique forte de règlements de comptes.

 Une critique contre l'égocentrisme de ses contemporains français, à travers des expressions telles que:"sans l'aventure de la tour de Babel, toute la terre aurait parlé français", et plus loin : "L'Abbé de Saint-Yves supposait qu'un homme qui n'était pas né en France n'avait pas le sens commun".

 Une critique des abus sociaux. Il en va ainsi du cercle des intellectuels et de certains critiques, «hommes incapables de rien produire dénigrent les productions des autres » (ce