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L'Appel De l'Ange

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votre mobile est désormais un prolongement de vous-même qui vous accompagne jusque dans votre salle de bains ou vos toilettes. Où que vous soyez, vous laissez rarement passer plus d’une demi-heure sans regarder votre écran, guettant un appel resté en absence, un message intime ou amical. Et si votre boîte mail est vide, vous cliquez pour vérifier qu’aucun courrier n’est en attente. Comme le doudou de votre enfance, votre téléphone vous rassure. Son écran est doux, apaisant, hypnotique. Il vous donne une contenance dans toutes les situations et vous offre une facilité de contact immédiat qui laisse ouverts tous les possibles… * Mais un soir, en rentrant, vous fouillez vos poches puis votre sac et vous prenez conscience que votre mobile a disparu. Perdu ?

Volé ? Non, vous refusez d’y croire. Vous vérifiez à nouveau sans plus de succès, essayant de vous persuader que vous l’avez oublié au bureau, mais… non : vous vous souvenez de l’avoir consulté dans l’ascenseur en quittant le boulot et – sans doute – dans le métro et dans le bus. Zut ! D’abord, vous êtes en colère à cause de la perte de l’appareil lui-même, puis vous vous félicitez d’avoir souscrit cette assurance « vol/perte/casse », tout en comptant les points de fidélité qui, dès demain, vous permettront de vous offrir un nouveau jouet high-tech et tactile. Pourtant, à 3 heures du matin, vous n’avez toujours pas réussi à trouver le sommeil… * Vous vous levez sans bruit pour ne pas réveiller l’homme endormi à vos côtés. Dans la cuisine, en haut d’un placard, vous allez chercher le vieux paquet de clopes entamé que vous avez planqué là en cas de coup dur. Vous en grillez une et, au point où vous en êtes, l’accompagnez d’un verre de vodka. Merde… Vous êtes assise, courbée sur votre chaise. Vous avez froid, car vous avez laissé la fenêtre ouverte à cause de l’odeur de cigarette. Vous faites l’inventaire de tout ce que contient votre

téléphone : quelques vidéos, une cinquantaine de photos, l’historique de votre navigation sur Internet, votre adresse (y compris le code de la porte d’entrée de l’immeuble), celle de vos parents, des numéros de gens qui ne devraient pas forcément s’y trouver, des messages qui pourraient laisser supposer que… Ne sois pas parano ! Vous tirez une nouvelle bouffée et prenez une gorgée d’alcool. En apparence, il n’y a rien de vraiment compromettant, mais vous savez bien que les apparences sont trompeuses. Ce qui vous inquiète, c’est que votre appareil ait atterri entre des mains malintentionnées. Déjà, vous regrettez certaines photos, certains mails, certaines conversations. Le passé, la famille, l’argent, le sexe… En cherchant bien, quelqu’un qui voudrait vous nuire aurait de quoi briser votre vie. Vous regrettez, mais les regrets ne servent plus à rien. Comme vous frissonnez, vous vous levez pour fermer la fenêtre. Le front collé contre la vitre, vous regardez les rares lumières qui brillent encore dans la nuit en vous disant qu’à l’autre bout de la ville, un homme a peut-être les yeux vissés à l’écran de votre téléphone, explorant avec délectation les zones d’ombre de votre vie privée et fouillant méthodiquement dans les entrailles de l’appareil à la recherche de vos dirty little secrets.

Première partie

Le Chat et la Souris

1 L’échange

Il est des êtres dont c’est le destin de se croiser. Où qu’ils soient. Où qu’ils aillent. Un jour ils se rencontrent. Claudie GALLAY

New York Aéroport JFK Une semaine avant Noël ELLE – Et ensuite ? – Ensuite, Raphaël m’a offert une bague en diamants de chez Tiffany et m’a demandé d’être sa femme. Téléphone collé à l’oreille, Madeline déambulait devant les hautes baies vitrées qui donnaient sur le tarmac. À cinq mille kilomètres de là, dans son petit appartement du nord de Londres, sa meilleure amie écoutait, impatiente, le compte rendu détaillé de son escapade romantique à Big Apple.

– Il t’a vraiment sorti le grand jeu ! constata Juliane. Weekend à Manhattan, chambre au Waldorf, balade en calèche, demande de mariage à l’ancienne… – Oui, se réjouit Madeline. Tout était parfait, comme dans un film. – Peut-être un petit peu trop parfait, non ? la taquina Juliane. – Tu peux m’expliquer comment quelque chose peut être « trop » parfait, madame la blasée ? Juliane essaya maladroitement de se rattraper : – Je veux dire : peut-être que ça manquait de surprise. New York, Tiffany, la promenade sous la neige et la patinoire de Central Park… C’est un peu attendu, un peu cliché quoi ! Malicieuse, Madeline contre-attaqua : – Si je me souviens bien, lorsque Wayne t’a demandée en mariage, c’était au retour du pub, un soir de beuverie. Il était bourré comme une rame de métro à l’heure de pointe et il est parti vomir dans les toilettes juste après t’avoir demandé ta main, c’est ça ? – OK, tu gagnes cette manche, capitula Juliane. Madeline sourit tout en se rapprochant de la zone d’embarquement pour essayer de trouver Raphaël au milieu de la foule compacte. En ce début de vacances de Noël, des milliers de voyageurs se pressaient dans l’aérogare qui bourdonnait comme une ruche. Certains allaient rejoindre leur famille tandis que d’autres partaient au bout du monde, vers des destinations paradisiaques, loin de la grisaille de New York. – Au fait, reprit Juliane, tu ne m’as pas dit quelle a été ta réponse.

– Tu plaisantes ? Je lui ai dit oui bien sûr ! – Tu ne l’as pas fait languir un peu ? – Languir ? Jul’, j’ai presque trente-quatre ans ! Tu ne crois pas que j’ai assez attendu comme ça ? J’aime Raphaël, je sors avec lui depuis deux ans et nous essayons d’avoir un enfant. Dans quelques semaines, nous allons emménager dans la maison que nous avons choisie ensemble. Juliane, pour la première fois de ma vie, je me sens protégée et heureuse. – Tu dis ça parce qu’il est à côté de toi, c’est ça ? – Non ! s’écria Madeline en riant. Il est allé enregistrer nos bagages. Je dis ça parce que je le pense ! Elle s’arrêta devant un kiosque à journaux. Mises bout à bout, les unes des quotidiens brossaient le portrait d’un monde à la dérive qui avait hypothéqué son avenir : crise économique, chômage, scandales politiques, exaspération sociale, catastrophes écologiques… – Tu n’as pas peur qu’avec Raphaël ta vie soit prévisible ? assena Juliane. – Ce n’est pas une tare ! rétorqua Madeline. J’ai besoin de quelqu’un de solide, de fiable, de fidèle. Autour de nous, tout est précaire, fragile et vacillant. Je ne veux pas de ça dans mon couple. Je veux rentrer chez moi le soir et être certaine de trouver du calme et de la sérénité dans mon foyer. Tu comprends ? – Hum…, fit Juliane. – Il n’y a pas de « hum » qui tienne, Jul’. Alors commence la tournée des boutiques pour ta robe de demoiselle d’honneur ! – Hum, répéta néanmoins la jeune Anglaise, mais cette fois

davantage pour masquer son émotion que pour traduire son scepticisme. Madeline regarda sa montre. Derrière elle, sur les pistes de décollage, des avions blanchâtres attendaient en file indienne avant de prendre leur envol. – Bon, je te laisse, mon vol décolle à 17 h 30 et je n’ai toujours pas récupéré mon… mon mari ! – Ton futur mari…, corrigea Juliane en riant. Quand viens-tu me rendre une petite visite à Londres ? Pourquoi pas ce weekend ? – J’aimerais tant, mais c’est impossible : on va atterrir à Roissy très tôt. J’aurai à peine le temps de passer prendre une douche à la maison avant l’ouverture de la boutique. – Ben tu ne chômes pas, dis donc ! – Je suis fleuriste, Jul’ ! La période de Noël est l’une de celles où j’ai le plus de travail ! – Essaie au moins de dormir pendant le voyage. – D’accord ! Je t’appelle demain, promit Madeline avant de raccrocher. * LUI – N’insiste pas, Francesca : il est hors de question de se voir ! – Mais je ne suis qu’à vingt mètres de toi, juste en bas de l’escalator…

Portable collé à l’oreille, Jonathan fronça les sourcils et se rapprocha de la balustrade qui surplombait l’escalier roulant. Au bas des marches, une jeune femme brune à l’allure de madone téléphonait tout en tenant la main d’un enfant emmitouflé dans une parka un peu trop grande. Elle avait des cheveux longs, portait un jean taille basse, une veste en duvet cintrée ainsi que des lunettes de soleil griffées à large monture qui, tel un masque, cachaient une partie de son visage. Jonathan agita un bras en direction de son fils qui lui rendit timidement son salut. – Envoie-moi Charly et casse-toi ! ordonna-t-il, à cran. Chaque fois qu’il apercevait son ex-femme, une colère mêlée de douleur l’envahissait. Un sentiment puissant qu’il ne contrôlait pas et qui le rendait à la fois violent et déprimé. – Tu ne peux pas continuer à me parler comme ça ! protestat-elle d’une voix où perçait un léger accent italien. – Ne t’avise pas de me donner la moindre leçon ! explosa-t-il. Tu as fait un choix dont tu dois assumer les conséquences. Tu as trahi ta famille, Francesca ! Tu nous as trahis, Charly et moi. – Laisse Charly en dehors de ça ! – Le laisser en dehors de ça ? Alors que c’est lui qui paie les pots cassés ? C’est à cause de tes frasques qu’il ne voit son père que quelques semaines par an ! – J’en suis déso… – Et l’avion ! la coupa-t-il. Tu veux que je te rappelle pourquoi Charly a

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