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Exposé Approche Psychanalytique Groupale

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mercredi soir". Elles devinrent, en 1912, un ouvrage considérable ("Le motif de l'inceste dans la poésie et le légende"). Freud fut aussi précédé par Karl Abraham qui, en 1909, dans "Rêve et mythe - Contribution à l'étude de la psychologie collective", proposait d'interpréter le mythe sur le modèle de l'interprétation du rêve, en affirmant que le même symbolisme règne de part et d'autre (p.173). Enfin, il y eut C.G. Jung avec ses archétypes, ce qui conduisit Freud à statuer sur un domaine qui menaçait de faire suivre à la psychanalyse un chemin hors des principes de la méthode qu'il avait créée. C'est ainsi qu'il écrivit "Totem et tabou". Mais, même si une part importante de l'uvre de Freud concerne les formations collectives, c'est du sujet pris dans sa singularité dont il s'est sans cesse préoccupé et, bien qu'il ait écrit que l'on devait "conclure que la psychologie de la foule est la plus ancienne psychologie de l'homme" ("Psychologie des foules et analyse du moi", p.191), c'était pour affirmer dans la foulée que la psychologie individuelle est tout aussi ancienne.

Ainsi, Freud n'a pas avancé une psychanalyse des formations collectives dont il aurait institué le cadre et le dispositif, toutefois, sa recherche l'a amené à formuler des théories et des hypothèses quant à leur fonctionnement. De plus, il s'est ouvert à de nouveaux horizons de réflexion. Dans "Totem et tabou", il pose la question: "Où se trouve dans cette évolution la place des divinités maternelles, qui ont peut-être précédé partout les dieux-pères? je ne saurais le dire." (p.171). Sans entrer dans le détail de ses idées, nous dirons que Freud aboutit à une théorie complète de la formation des groupes humains, en particulier pour ce qui est de celui dominé par le chef de la horde qui préfigure le père et, à ce propos, il utilise pour y réfléchir tous les mécanismes qu'il a définis pour l'individu pris isolément. Dans "Psychologie des foules et analyse du moi", identification, projection et étayage sont décrits dans leur forme définitive et le chef de la horde apparaît comme l'instance refoulante et interdictrice du désir incestueux. De plus, Freud y annonce les instances nouvelles de sa deuxième topique: l'idéal du moi autour duquel les membres d'une collectivité se rassemblent, instance qui deviendra le surmoi. Il s'agit donc bien d'une théorie groupale. Toutefois, à aucun moment, il n'a été question d'instaurer un dispositif analytique groupal.

Aux Etats-Unis

C'est dès avant les années vingt qu'un des fondateurs de la Société Psychanalytique Américaine, Trigant Burrow (1875-1950), a tenté d'élaborer une théorie de la psychanalyse groupale et de poser les principes d'un "setting" qui lui soit propre. Peut-être inspirés par lui, certains psychanalystes tentèrent l'aventure entre les deux guerres, mais nous ne saurions appliquer le terme de "psychanalyse groupale" à ce qui a été réalisé. En effet, bien que les initiatives aient été intéressantes, il s'agissait, le plus souvent, de méthodes qui utilisaient les concepts de la psychanalyse à la compréhension de ce qui se passait dans les groupes (Louis Wender et Paul Schilder). De son côté, Alexander Wolff tenta une compréhension des groupes au travers des schémas familiaux, et Samuel Slavson appliqua la psychanalyse aux groupes d'enfants et d'adolescents. Nous n'oublions pas Jacob Moreno, dont la théorie et la pratique sont cependant difficiles à associer à la psychanalyse. Après la guerre, une immense littérature, plus ou moins proche de la psychanalyse, fut publiée. Mais on ne saurait y voir, au-delà des innovations techniques et de l'observation détaillée de la dynamique groupale, une "psychanalyse groupale". Mentionnons enfin les applications de la psychanalyse à la famille, avec comme chef de file Nathan W. Ackermann ("The Psychodynamics of Family Life", 1958).

En Grande-Bretagne

S.H. Foulkes entreprit des psychothérapies dites "psychanalytiques de groupe" dès 1938 et fut le fondateur, après la guerre, d'un mouvement "groupanalytique" qui connut un grand développement. Foulkes partait des prémices que l'homme est un être éminemment social et que tout trouble névrotique a son origine dans des relations sociales perturbées. Il fit école en Grande-Bretagne, ainsi que dans plusieurs pays d'Europe et d'Amérique. Mais, la figure dominante en ce domaine est, sans conteste, Wilfred Bion qui élabora une théorisation psychanalytique groupale originale avec sa topique, ses processus, sa métapsychologie et la jonction avec la psychanalyse individuelle. A Bion se rattache Henry Ezriel avec la tension commune de groupe et le dénominateur commun (fantasmatique) des groupes. Partant du groupe de base dont la structure est protomentale et dont le "moteur" semble être une scène primitive orale très archaïque, Bion découvre des organisations spécifiques: les présupposés de base; la mentalité de groupe et la culture de groupe; de plus, il considérait le groupe comme le dispositif de choix pour l'élaboration de l'identification projective; enfin, le psychanalyste sert de pôle transférentiel pour l'interprétation et préserve ainsi le groupe de travail. Ses travaux eurent une influence majeure à la Tavistock Clinic dans la poursuite de la réflexion sur la psychanalyse et les groupes.

En France

Sans préjuger de l'intérêt des travaux qui ont été faits en Italie et en Argentine (I. Berenstein, L. Grinberg, J. Pujet, E. Pichon-Rivière, S. Resnik, etc.), ainsi que dans d'autres pays, nous pensons que, du point de vue de la pensée psychanalytique, l'idée d'une "Ecole Française de la psychanalyse appliquée au groupe", avec pour chef de file Didier Anzieu, fut un temps important qui a abouti à l'élaboration d'une "psychanalyse groupale". A partir du psychodrame ("Le psychodrame analytique chez l'enfant" date de 1956), et stimulé par les articles de S. Lebovici, R. Diatkine et E. Kestemberg ("Application de la psychanalyse à la psychothérapie de groupe et à la psychothérapie dramatique en France" en 1952 et "Bilan de dix ans de pratique psychodramatique chez l'enfant et chez l'adolescent" en 1958), Anzieu s'est lancé dans une recherche psychanalytique sur les groupes de diagnostic avec la fondation du CEFFRAP en 1962, recherche qui visait à étudier l'articulation entre les psychés individuelles et les groupes humains. Elle a mis en évidence des formations groupales agissantes dans l'inconscient de l'individu. L'article de J.-B. Pontalis "Le petit groupe comme objet" (1968) en fut une émanation. En 1972, Anzieu fondait avec René Kaës, Angelo Béjarano, André Missenard et Jean-Bertrand Pontalis la collection "Inconscient et culture" où, en plus des auteurs déjà cités, il rendait justice à d'autres précurseurs français en ce domaine, Simone Decobert et Michel Soulé. En 1975, avec la publication de son ouvrage "Le groupe et l'inconscient", la psychanalyse groupale obtenait ses lettres de noblesse. Il y abordait, entre autres, "l'analogie du groupe et du rêve," "L'illusion groupale", "Le groupe est une bouche...", "Le fantasme de casse...", les organisateurs du groupe et ses désorganisateurs, enfin, la dimension paradoxale était abordée comme "figure de la pulsion de mort". Peu après, Anzieu a posé que "l'inconscient est structuré comme un groupe". René Kaës, a poursuivi sa propre recherche sur la groupalité psychique et les divers niveaux de sa représentation, ainsi que leurs niveaux de communication avec "L'appareil psychique groupal". Son oeuvre est résumée dans son livre "Le groupe et le sujet du groupe" (1993). Dans cette direction, nous n'oublierons pas les travaux de la Société Française de Psychothérapie de Groupe, fondée en 1962 et devenue en 1984 la Société Française de Psychothérapie Psychanalytique de Groupe (SFPPG).

Le "groupe-famille"

Le dernier volet de cette recherche, en France, émane des psychanalystes qui se sont centrés sur le "groupe-famille", charnière reconnue entre l'individuel et le groupal. L'importance des schémas familiaux en tant qu'organisateurs des groupes avait été depuis longtemps reconnue, en particulier par Ezriel. Nous soulignerons, à ce propos, les travaux originaux du Collège de Psychanalyse Groupale et Familiale (C.P.G.F.) auquel Anzieu a participé activement en association avec ses fondateurs: Paul-Claude Racamier, Simone Decobert, Jean-Pierre Caillot et Claude Pigott. Racamier, en approfondissant la connaissance des psychoses, des schizophrénies et des perversions, avait avancé un certain nombre de notions et de concepts dont l'intrication avec les instances parentales et familiales était évidente, en particulier, pour tout ce qui concernait l'originaire. Mais, des concepts tels que les fantasmes-non-fantasmes dont le prototype était l'auto-engendrement, demandaient à être précisés quant à leur lieu d'existence et leur mode de représentation; il en était de même du paradoxe, dûment

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