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La Gestion Des Ressources Humaines

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emière évidence s'impose à l'observateur : la façon dont les entreprises organisent la gestion de leur main d'œuvre (voir note 1) découle très largement du modèle productif en vigueur. Au niveau de l'entreprise en effet, le système social est conçu pour répondre aux besoins du système productif. Cela justifie cette définition : "La GRH a pour but de fournir à l'entreprise les ressources humaines dont elle a besoin pour atteindre en temps voulu les objectifs qu'elle s'est fixés" (extrait de Dietrich et Pigeyre, 2005, p. 8).

Plus largement, les entreprises et les organisations évoluent dans un contexte caractérisé par ce que certains économistes appellent un "modèle productif" (voir note 2) dominant. On peut grossièrement définir un modèle productif comme le résultat de choix contraints qui concernent les moyens mis en œuvre pour réaliser une stratégie de profit. Au niveau macro-économique, ces moyens dépendent du mode de croissance et de distribution du revenu national. Au niveau microéconomique, dans l'entreprise, ils renvoient aux choix en termes d'organisation productive et de modes de rémunération.

Après avoir constitué le modèle dominant d'organisation et de gestion des entreprises pendant la plus grande partie du XXe siècle, le modèle taylorien fordien s'est progressivement affaibli pour laisser place à un modèle que l'on peut aujourd'hui qualifier de "modèle de la flexibilité", même si cette dénomination n'est pas aussi instituée que la précédente. Ces deux modèles se distinguent essentiellement par les réponses qu'ils proposent aux entreprises face aux exigences de la concurrence. C'est en effet parce que les conditions de la concurrence économique ont fondamentalement changé au tournant des années 1960/1970 que le modèle taylorien-fordien s'est affaibli.

Le tableau suivant présente les caractéristiques des deux modèles :

MODÈLE TAYLORIEN FLÉXIBILITÉ

Contexte stratégique Production et consommation de masse Coûts, qualité, délais

Variété, innovation

Contexte organisationnel Opération Événement

Négociation sociale Compromis fordien Crise de la régulation

Gestion de la main d'œuvre Gestion du personnel basée sur le poste Gestion des ressources humaines basée sur les compétences

(Source : Cadin L., Guérin F., La Gestion des ressources humaines, Dunod, Coll. Topos, 1999)

L'avènement de ce que l'on nomme aujourd'hui "Gestion des Ressources Humaines" apparaît donc bien comme une réponse à de nouvelles exigences stratégiques : il s'agit d'inventer de nouvelles formes de gestion du travail qui répondent au contexte stratégique de la période qui succède aux Trente Glorieuses. L'obéissance prônée par Taylor à des règles et procédures conçues sans tenir compte de l'ouvrier, réduit à un simple exécutant, ne permet plus d'assurer qualité, innovation et variété. Devenu opérateur, l'ouvrier d'aujourd'hui est considéré comme porteur des compétences qui lui permettent de contrôler des machines largement automatisées et ainsi de s'adapter à des événements, par définition imprévus, c'est-à-dire réagir à des aléas (pannes, défauts, etc…). La manière de travailler n'est plus la même.

Cette évolution du modèle productif a également des conséquences en termes de négociation sociale, puisque le compromis fordien (répartition des responsabilités entre syndicats et dirigeants) qui repose sur l'idée que les dirigeants peuvent faire des choix, prendre des décisions à condition que les salariés puissent récupérer une partie des fruits de la croissance ne fonctionne plus, mais il n'en existe pas d'autre. C'est pour cela que l'on parle de crise de la régulation. Tout cela a des conséquences sur la gestion de la main d'œuvre. Nous sommes passés d'un modèle en termes de gestion du poste de travail à un modèle en termes de compétences. Si nous sommes passés à la gestion des ressources humaines c'est parce que nous avons connu une évolution significative du modèle productif.

GRH et idées managériales

La manière dont est conçue la gestion de la main d'œuvre est aussi largement déterminée par la pensée dominante au cours d'une période en matière de management. Nous venons implicitement d'évoquer ce point avec la pensée de Taylor. De façon plus générale, on peut aisément identifier quelques grands courants de pensée caractéristiques de modalités spécifiques de gestion du travail. Leur influence est visible au travers des intitulés attribués dans les organisations aux services spécialisés :

le terme administration du personnel renvoie généralement à une conception bureaucratique et juridique de la main d'œuvre. Il met l'accent sur la formalisation (règles écrites), la hiérarchisation (structure pyramidale), la centralisation (processus décisionnaire concentré au sommet) et l'impersonnalité (règle valable pour tous) ;

le terme Relations Humaines fait explicitement référence au courant initié dans les années 30 aux États-Unis par Elton Mayo à la suite de ses expériences conduites à Hawthorne et développé en Europe dans les années 1950. E. Mayo insiste sur la dimension affective de la vie dans les organisations et sur la manière de développer la motivation. Ce courant a contribué à favoriser des démarches de dialogue et d'expression, de communication et à faire évoluer les styles de commandement vers des formes plus "participatives" ;

l'expression développement social puise ses sources dans les travaux du Tavistock Institute à l'origine du courant socio-technique dont les idées ont été expérimentées par les entreprises scandinaves dans les années 1970. Critiquant le courant des Relations Humaines, jugé trop centré sur les dimensions affectives sans mettre en question les principes organisationnels tayloriens, le courant socio-technique a mis l'accent sur la nécessité de faire évoluer les organisations productives. Il s'agissait aussi bien d'améliorer les conditions de travail, d'inventer de nouvelles formes organisationnelles en lien avec l'évolution des technologies que de mettre en place des cellules de production plus autonomes.

Ainsi, modèles productifs et théories managériales dominantes à chaque époque peuvent être considérés comme structurants des formes prises par les pratiques des entreprises dans la manière de gérer le travail.

La GRH, un objet difficile à cerner

L'explicitation des fondements de la GRH, telle que nous venons de la proposer, si elle peut éclairer sur le caractère complexe de la GRH, ne suffit pourtant pas à la définir. Une définition de la GRH suppose en effet de rendre compte à la fois de ses activités et des enjeux auxquels elle est confrontée. Pour cela, nous jugeons utile de distinguer ce qu'il est convenu d'appeler les activités de la GRH et les services, ou plus précisément, les acteurs concernés, peu ou prou, par ces activités.

Les activités paradoxales de la GRH

Considérer la GRH d'un point de vue gestionnaire, c'est s'intéresser à la manière dont elle peut contribuer à la performance de l'entreprise. Comme le précise avec quelque provocation B. Galambaud (voir note 3) , dans l'expression gestion des ressources humaines, c'est le mot gestion qui est le plus important…Cette notion de gestion renvoie en effet à une rationalisation de pratiques qui concernent les salariés : développement des compétences par la formation, mesure des performances, maintien de la motivation par des systèmes d'incitation, etc. Ce faisant, la GRH fait de l'homme un objet de gestion. Ce terme pourrait choquer quiconque souhaiterait trouver dans la GRH l'humanité qui fait parfois défaut à l'entreprise… ! Cette objectivation de la ressource humaine renvoie néanmoins aux contraintes qui pèsent sur la GRH, amenée à prendre en compte des paramètres souvent contradictoires :

réduire les coûts salariaux tout en investissant dans le développement des compétences ;

gérer des collectifs de travail (employés, ouvriers, cadres) mais aussi des individus aux attentes et problèmes spécifiques ;

prévoir les besoins en qualifications malgré les incertitudes du marché,

planifier les ressources nécessaires mais assurer leur flexibilité, tout en respectant les obligations légales et réglementaires.

Cette rapide énumération d'activités montre que la fonction RH se "technicise" de plus en plus, tout en se spécialisant. Désormais, "faire de la GRH" englobe aussi bien des activités de gestion comptable et juridique du personnel, que des pratiques de management des hommes et des équipes de travail ou encore l'analyse des emplois, l'organisation du travail ou la conduite du changement. Ces activités variées constituent le quotidien de la fonction RH. Nous allons voir que leur développement constitue un élargissement

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