Electre De Giraudoux

ère comme sa soeur essayent de rattacher à leur cause. Son rôle est clairement défini par les Euménides : c'est une arme, et la question est de savoir si celle qui la tiendra sera Clytemnestre ou Electre.

Le rôle du Mendiant et des Euménides est plus complexe. Ils participent à l'action, les Euménides bâillonnent Oreste afin qu'il ne puisse pas répondre à l'appel d'Electre, le Mendiant répond à la place de Clytemnestre pour éviter qu'Egisthe n'apprenne le retour d'Oreste. Les Euménides ne sont plus exactement les Furies vengeresses de la mythologie grecque qui poursuivent le meurtrier par des remords. Ce sont plutôt le double en négatif d'Electre: elles s'opposent à sa volonté, elles font resplendir devant les yeux d'Oreste le bonheur tranquille auquel Electre veut l'arracher, elles prennent sa forme et son âge pour le tourmenter, elles tentent de mettre en doute les certitudes qui restent à Electre. Le Mendiant, lui, est plus passif. Il discute avec les personnages, sympathise avec certains, en condamne d'autres (par exemple Agathe). Il revient aussi pour sauver les pauvres d'Argos : les innocents. On ne sait pas si c'est un dieu, mais les dieux ont une importance très minime ici. L'enjeu de la pièce est ainsi limité au monde terrestre. On peut dire que c'est une pièce humaniste parce qu’elle ne s'intéresse qu'aux hommes.

Il y a plusieurs conflits : entre Agathe et son mari, entre Electre et sa mère, entre Electre et Egishte, entre Electre et Oreste, entre le Président et le jardinier, entre la louve et Narsès.

Ainsi, tout "s'accroche" dans cette pièce, et c'est déjà le signe d'un mal être (comme les deux façades du palais, celle qui rit et celle qui pleure...)

Il semble que l'intérêt du conflit entre Electre et Egisthe est de poser le problème de la pièce en utilisant la notion de politique. Il y a aussi une grande différences entre les discours d'Egisthe et d'Electre: leur contenu nous montre bien qu'au-delà d'Egisthe et d'Electre, c'est la conception de deux formes de vie qui s'opposent : la vie de la nation, la vie universelle des pauvres, des malheureux, des laissés pour compte.

La pièce d'Electre est une pièce qui montre des personnages à la recherche de l'absolu. Electre est à la recherche d'un monde d'amour, d'un monde où le bonheur est possible. Pas le bonheur de l'oubli que prône le Président, non le bonheur de tous ces laissés pour compte. Par contre, elle ne peut qu’éliminer les coupables, que tuer les monstres qui ont cherché un bonheur individuel abrité par une prétendue nation.

Les œuvres littéraires antérieures d’Electre :

• Électre est une tragédie grecque de Sophocle.

• Électre est une tragédie grecque d'Euripide.

• Électre est une tragédie française du baron Hilaire de Longepierre, 1702.

• Électre est une tragédie française de Prosper Jolyot de Crébillon, 1709.

• Électre est une tragédie française de Jean Giraudoux.

• Le deuil sied à Électre est une trilogie d'Eugene O'Neill

• Les Mouches est une tragédie française de Sartre, 1943

Electre et les dramaturges de l’Antiquité

Dès l’Antiquité grecque de nombreux poètes et dramaturges se sont intéressés au personnage d’Electre.

En 458 avant J.-C., Eschyle compose et fait jouer sa trilogie de l’Orestie. La première tragédie évoque le meurtre du roi (Agamemnon), la seconde la vengeance (Les Choéphores) et la troisième le châtiment du fils (Les Euménides). Le sens du sacré est très présent dans l’oeuvre. C’est un ordre d’Apollon qui conduit le bras meurtrier d’Oreste.

Vers 415 avant J.-C., Sophocle reprend le sujet dans Electre, mais il le conçoit très différemment. C’est lui qui fait de la jeune fille soit vengeresse. Etre de passion et d’exagération, elle clame son ressentiment en accompagnant de sa joie les cris de l’agonie maternelle.

A la même époque, Euripide propose une autre version d’Electre, donnant à la pièce des allures de "tragédie bourgeoise". Si l’héroïne se déchaîne toujours contre sa mère, c’est pour des raisons humaines et mesquines. Venge-t-elle un père ou satisfait-elle une haine de femme ? Incohérente, elle succombe brutalement