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Psychologie Miroir

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Puis vient, le plus souvent, le refus, ou bien la satisfaction, toujours limitée, teintée d'une inquiétude que les années vont renforcer. Cela peut même aller plus loin encore. Une gravure symbolique du XVIIIème siècle représente une licorne qui se mire dans l'eau, la corne de son double semble se retourner contre elle[5]. La devise "De moy je m'épouvante" qui accompagne cette oeuvre montre combien l'on peut s'effrayer de soi-même.

Spontanément, l'on rejette la limitation de la forme dans laquelle on est incarné. Le miroir, en redoublant les images du moi,

ne renforce-t-il pas l'ego de la personne qui se mire et qui se voudrait autre, différente? Mais, à l'opposé, on peut, par ce reflet, prendre conscience de sa personne, c'est-à-dire de son masque selon l'étymologie de ce mot d'origine étrusque, en latin persona : masque de théâtre.

Ce miroir ne sert-il pas à apprendre la duplicité? C'est en effet l'expérience du miroir qui nous amène petit à petit l'être humain à cacher les émotions qu'il ressent pour les masquer aux autres. Les aveugles, eux, n'ont pas cette expérience et ne cachent pas leurs émotions tant qu'ils ne prennent pas conscience que celles-ci se traduisent sur leur visage où elles deviennent lisibles pour les yeux des voyants. Ainsi à la fois moyen de connaissance et de dissimulation, le miroir vient interposer son reflet entre la personne et les êtres qui l'entourent.

Que serait pour nous un monde sans miroir?

"Imagine que tu aies vécu dans un monde où n'existent pas de miroirs. Tu auras rêvé de ce qui se trouvait en toi. Et puis suppose (...) qu'on t'ait tendu une glace. Imagine ton effroi! (...). Tu aurais compris ce que tu refuses d'admettre : ton visage, ce n'est pas toi!"[6]

Ce n'est peut-être pas non plus ce qu'on aura imaginé! Notre visage est à nous, il n'est pas nous, pas plus que l'idée abstraite que nous pouvons nous faire de lui. Sous le masque de l'acteur, un autre masque...

Comment laisser monter de nos plus intimes profondeurs pour l'accueillir notre image véritable? Son observation impliquerait l'absence de réaction devant le dévoilement de cet inconnu en nous, de cet inconnu de nous, de cet inconnu nous. La confiance (con : avec, Feu-I-en ce) ne force ni ne désire rien, ne rejette et ne retient rien. Elle est accueil des possibilités portées par cette image qui exprime en un temps donné le dynamisme primordial de notre être authentique.

Le rejet, la fuite, l'interrogation devant l'image spéculaire sont les manifestations, le plus souvent inconscientes, de la nostalgie d'un état d'être perdu, un état plus subtil lié à la joie et à l'illimité.

"Dieu créa les nuits qui engendrent

Les rêves, et les formes des miroirs

Pour que l'homme sente qu'il est reflet lui-même

Et vanité. Aussi en sommes-nous alarmés."[7]

Se mirer, c'est se contempler dans le miroir. On se mire dans le miroir et la réalité est admirable( a privatif de D, mirable). Qui peut prétendre être miroir parfait?

Le reflet d'un objet dans le miroir ne le change en rien dans les apparences, mais ce reflet a un certain pouvoir de transformation sur celui qui le contemple, surtout s'il est lui-même l'objet de cette contemplation. Use-t-on du miroir pour se connaître comme reflet de la Source, ou du moins pour se connaître tel que l'on est dans sa forme apparente? Non pas le plus souvent, mais pour se rendre différent, se maquiller afin de paraître et de séduire, ce qui n'est pas en soi illégitime.

Fondamentalement, le souci de l'image que l'on va présenter (présent-E : faire le présent de soi) à autrui est pour chacun primordial. C’est évidemment une forme de respect de l’autre et de soi-même, mais, plus profondément, le besoin de se faire aimer ou admirer. L’amant(e) se cherche dans les yeux de l’aimé(e). Dans Le Loup des steppes d’Hermann Hesse, Hermine interpelle Harry qui vient de la reconnaître sous son déguisement :

« Ne sais-tu pas (…) que si je te plais, si j’ai à tes yeux de l’importance, c’est que je suis une sorte de miroir, qu’il y a en moi quelque chose qui te comprend et te répond ? Au fond, tous les hommes devraient être les uns pour les autres de tels miroirs, se répondre et se correspondre ainsi…[8] »

Pour se connaître, nous dit Platon dans son dialogue avec Alcibiade, il convient de regarder l'oeil de l'autre pour voir en lui l'image qu'il reçoit de nous. L'on comprend alors, d'un seul regard, et l'autre et soi-même dans leur rapport mutuel. Mais n'est-ce pas là une recherche bien vaine et bien extérieure, l'oeil de l'autre étant évidemment, à moins d'être celui du Connaissant, un miroir déformant ? L’autre vous dévisage[9], mais vous voit-il ?

Son regard est en tout cas le miroir que nous redoutons le plus. Si nous plaisons, l'acceptation se fait de notre forme plus ou moins grotesque. A moins qu'au fil des ans, les ravages du temps dégradant le corps, l'image que l'on a de soi à travers le miroir des autres ne nous plaise plus.

Certains ont alors recours à la chirurgie esthétique afin de correspondre à l'image que l'on attend d'eux pour des motifs sentimentaux, voire professionnels. Souvent le remède s'avère pire que le mal! Il met en évidence une dépendance absolue. Des drames humains se cachent derrière ce choix qui donne rarement les résultats escomptés sur tous les plans. Le film Le miroir à deux faces[10] d'André Cayatte conte l'histoire paradoxale d'une femme sinon laide, du moins au visage ingrat qui, cependant est aimée.

Après avoir subi une intervention de chirurgie esthétique, elle devient belle et séduisante mais perd l'amour de son mari.

Le plus souvent il se produit une accoutumance comme le montre cette réflexion entendue dans un café parisien :

"Je suis pas beau, mais au moins c'est moi!"[11].

Le jeune enfant traduit son malaise lorsqu'il s'exprime par le dessin. Il "dessine des personnages tels qu'il voudrait que le miroir lui renvoie l'image de son corps..."[12]

L'adolescent, lui, refuse très souvent pendant de longues années qu'on le photographie. Il est mal dans sa peau et n'accueille pas, n'accepte pas son image, il va parfois jusqu'à la détester, jusqu'à se détester. Il ne s'aime pas tel qu'il se découvre (d'E-couvre). Il s'imaginait ou se voudrait profondément autre.

Socrate conseillait aux jeunes gens de se regarder souvent dans la glace, mais pour accepter la réalité et en tirer les conséquences :

« Si vous êtes beaux (…) restez digne de votre beauté ; si vous êtes laids, faites oublier votre laideur par votre savoir.[13] »

Mieux encore serait-il de faire oublier cette laideur par les qualités de son coeur à l’exemple de Quasimodo dansNotre-Dame de Paris de Victor Hugo !

Au vrai, peut-on reconnaître beauté et laideur ? Le veut-on d’ailleurs ? Certains ne vont-ils pas jusqu’à accuser « toujours les miroirs d’être faux[14] » ?

« Les miroirs

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