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Anthologie Poétique

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ans.

La blancheur de son front livide

Semblait blanche sur ses draps blancs.

Il entrouvrit son grand oeil pâle,

Et puis il parla d’une voix

Lointaine et vague comme un râle,

Ou comme un souffle au fond des bois.

Est-ce un souvenir, est-ce un rêve ?

Aux clairs matins de grand soleil

L’arbre fermentait sous la sève,

Mon cœur battait d’un sang vermeil.

Est-ce un souvenir, est-ce un rêve ?

Comme la vie est douce et brève !

Je me souviens, je me souviens

Des jours passés, des jours anciens !

J’étais jeune ! je me souviens !

Est-ce un souvenir, est-ce un rêve ?

L’onde sent un frisson courir

A toute brise qui s’élève ;

Mon sein tremblait à tout désir.

Est-ce un souvenir, est-ce un rêve.

Ce souffle ardent qui nous soulève ?

Je me souviens, je me souviens !

Force et jeunesse ! ô joyeux biens !

L’amour ! l’amour ! je me souviens !

Est-ce un souvenir, est-ce un rêve ?

Ma poitrine est pleine du bruit

Que font les vagues sur la grève,

Ma pensée hésite et me fuit.

Est-ce un souvenir, est-ce un rêve

Que je commence ou que j’achève ?

Je me souviens, je me souviens !

On va m’étendre près des miens ;

La mort ! la mort ! je me souviens !

Guy de Maupassant (1850-1893), Des vers, 1880

Le Lièvre et la Tortue

"La lenteur arrive souvent au but ; la précipitation s'empêtre en chemin." "Ne méprise pas ton ennemi pour petit qu'il te semble." Proverbes arabes

Rien ne sert de courir ; il faut partir à point.

Le Lièvre et la Tortue en sont un témoignage.

Gageons, dit celle-ci, que vous n’atteindrez point

Sitôt que moi ce but. - Sitôt ? Etes-vous sage ?

Repartit l’animal léger.

Ma commère, il vous faut purger

Avec quatre grains d’ellébore.

- Sage ou non, je parie encore.

Ainsi fut fait : et de tous deux

On mit près du but les enjeux :

Savoir quoi, ce n’est pas l’affaire,

Ni de quel juge l’on convint.

Notre Lièvre n’avait que quatre pas à faire ;

J’entends de ceux qu’il fait lorsque prêt d’être atteint

Il s’éloigne des chiens, les renvoie aux Calendes,

Et leur fait arpenter les landes.

Ayant, dis-je, du temps de reste pour brouter,

Pour dormir, et pour écouter

D’où vient le vent, il laisse la Tortue

Aller son train de Sénateur.

Elle part, elle s’évertue ;

Elle se hâte avec lenteur.

Lui cependant méprise une telle victoire,

Tient la gageure à peu de gloire,

Croit qu’il y va de son honneur

De partir tard. Il broute, il se repose,

Il s’amuse à toute autre chose

Qu’à la gageure. A la fin quand il vit

Que l’autre touchait presque au bout de la carrière,

Il partit comme un trait ; mais les élans qu’il fit

Furent vains : la Tortue arriva la première.

Eh bien ! lui cria-t-elle, avais-je pas raison ?

De quoi vous sert votre vitesse ?

Moi, l’emporter ! et que serait-ce

Si vous portiez une maison ?

Jean de La Fontaine (1621-1695), livre VI, fable 10

L’Ennemi "Profite de chaque moment, si tu ne veux pas avoir des regrets, et te dire que tu as perdu ta jeunesse." Paulo Coelho (1947-)

Ma jeunesse ne fut qu’un ténébreux orage,

Traversé çà et là par de brillants soleils ;

Le tonnerre et la pluie ont fait un tel ravage,

Qu’il reste en mon jardin bien peu de fruits vermeils.

Voilà que j’ai touché l’automne des idées,

Et qu’il faut employer la pelle et les râteaux

Pour rassembler à neuf les terres inondées,

Où l’eau creuse des trous grands comme des tombeaux.

Et qui sait si les fleurs nouvelles que je rêve

Trouveront dans ce sol lavé comme une grève

Le mystique aliment qui ferait leur vigueur ?

- Ô douleur ! ô douleur ! Le Temps mange la vie,

Et l’obscur Ennemi qui nous ronge le cœur

Du sang que nous perdons croît et se fortifie !

Charles Baudelaire (1821-1867), Les Fleurs du mal, 1857

Souvenir "L'amour est un trésor et une conquête pour les uns, une attente ou un regret pour les autres." George Sand (1804-1876)

En vain le jour succède au jour,

Ils glissent sans laisser de trace ;

Dans mon âme rien ne t’efface,

Ô dernier songe de l’amour !

Je vois mes rapides années

S’accumuler derrière moi,

Comme le chêne autour de soi

Voit tomber ses feuilles fanées.

Mon front est blanchi par le temps ;

Mon sang refroidi coule à peine,

Semblable à cette onde qu’enchaîne

Le souffle glacé des autans.

Mais ta jeune et brillante image,

Que le regret vient embellir,

Dans mon sein ne saurait vieillir

Comme l’âme, elle n’a point d’âge.

Non, tu n’as pas quitté mes yeux;

Et quand mon regard solitaire

Cessa de te voir sur la terre,

Soudain je te vis dans les cieux.

Là, tu m’apparais telle encore

Que tu fus à ce dernier jour,

Quand vers ton céleste séjour

Tu t’envolas avec l’aurore.

Ta pure et touchante beauté

Dans les cieux même t’a suivie ;

Tes yeux, où s’éteignait la vie,

Rayonnent d’immortalité !

Du zéphyr l’amoureuse haleine

Soulève encor tes longs cheveux ;

Sur ton sein leurs flots onduleux

Retombent en tresses d’ébène,

L’ombre de ce voile incertain

Adoucit encor ton image,

Comme l’aube qui se dégage

Des derniers voiles du matin.

Du soleil la céleste flamme

Avec les jours revient et fuit ;

Mais mon amour n’a pas de nuit,

Et tu luis toujours sur mon âme.

C’est toi que j’entends, que je vois,

Dans

...

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