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Les Animaux Malades De La Peste - Oral

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t désabusée (v.63, 64)

Nous nous intéressons d'abord au prologue qui met en place le cadre tragique de cet apologue. Afin de donner une tonalité effrayante à son récit, le fabuliste diffère le moment de nommer la peste qu'il caractérise par une périphrase inquiétante « un mal qui répand la terreur » (v.1) redoublée par la reprise anaphorique « mal que le ciel en sa fureur […] Terre » (v.3). Reprenant les croyances antiques, qui supposaient que les catastrophes naturelles (épidémie, tremblement de terre) étaient provoqués par la colère des Dieux face aux fautes commises par les hommes ; la Fontaine fait ainsi indirectement allusion à Oedipe, roi de sophocle. Ce n'est donc qu'au vers 4, un alexandrins majestueux « la peste (puisqu'il faut l'appeler par son nom » que le fabuliste précise et nomme le mal, toujours en référence à l'antiquité avec la métonymie désignant à « enrichir l'Acheron » (v.5) (=fleuve des enfers en lui et place du passeur « Charon » qu'il fallait payer pour passer sur l'autre rive. Faisant alterner octosyllabes (v.6,8,10...) et alexandrins (v.3,4,5,7,9..) selon une technique éprouvée, L.F rend son récit plus vif et énumère les malheurs qui frappent les animaux qui négligent la chasse, vitale pour eux « nul mots n'excitait leur envie […] proie » (v.10 à 12), ils se désintéressent aussi de l'amour (v.13,14). Comme nous pouvons le constater, la fable s'inspire des récits mythologiques et de la tragédie grecque où l'on éprouve de l'horreur devant la cruauté des hommes et l'aveuglement du Destin et de la pitié pour leurs victimes, ce qui donne une fonction cathartique (c-a-d de purgation des passions). Cette référence aux Anciens est parfaitement en phase avec l'admiration que les écrivains classiques leur portaient et leur imitation sans renoncer à faire œuvre personnelle. En effet, par la suite, le passage à la partie dialoguée rapproche les lecteurs contemporains de La Fontaine de la réalité du XVIIe siècle.

b) Un apologue polyphonique : Constituant la majeure partie de la fable, les répliques des différents protagonistes constituent une sorte de pièce de théâtre où s'affrontent des points de vue et des caractères parfois semblables et parfois diamétralement opposés. En effet, le lion (le roi des animaux) prend le premier la parole au cours d'un « conseil » semblable à ceux qui se terraient lorsque le monarque donnait la parole à ses ministres qui bien sur n'avaient qu'une voix consultative. Le ton employé par lui est essentiellement solennel et sentencieux à l'image de la gravité de la situation. Après l'apostrophe en début de texte « mes chers amis », il se lance dans une sorte de prêche où il prétend que la peste a pour origine les mauvaises actions des hommes, abordant aussi la question sous l'angle de la culpabilité collective : « je crois que le Ciel […] infortune » (v.16,17) Il faut donc, par un sacrifice humain, retrouver la bonne voie « Que le plus coupable […] guérison commune » (v.19,20). L'emploi de l'impersonnel et de l'argument d'autorité (v.21,22) sont censés donner plus de poids à son propos. Il propose donc une confession publique et affirme « Je me dévouerai donc […] coupable périsse » (v.30,34). Le renard puis l'âne interviendront ensuite introduisant une véritable polyphonie énonciative qui met en scène des personnages représentatifs de la société d'ancien régime, dont L.F fait la transposition animalière.

c) Des personnages allégoriques : lion = louis XIV. Emploi du pluriel de majesté « ne nous flattons donc point, voyons sans indulgence L'état de notre conscience » (v.23,24) et développe une véritable tirade car la longueur de son discours est proportionnelle à sa puissance de monarque absolu de droit divin. Il prétend dans les vers précédents être sincère et faire une confession franche et sans omission (=oubli). Il avoue qu'il « a dévoré force moutons » (v.26) alors qu'ils ne lui avaient fait « aucune offense » (v.27) => pêché. Lorsqu'il envisage son éventuel sacrifice, il s'empresse de faire tout de suite une restriction «s'il le faut » afin de se disculper. Le renard, représentatif des courtisans flatteurs du souverain, intervient alors. Il s'adresse à lui avec obséquiosité : « Sire […] délicatesse » (v.34,35). Il ne s'accuse de rien et s'abstient donc de confesser ses fautes et excuse celles du roi en dévalorisant ses victimes qui ne sont que « canaille, sotte espèce » (v.36). Il pousse la flagornerie (=flatterie excessive) jusqu'à prétendre : « vous leur fîtes, Seigneur, en les croquant beaucoup d'honneur » (v.38). Il en fait de même pour le berger « étant de ces gens […] empire » (v.41,42) L'ensemble de la cour approuve sous réserve ce qui permet de ne pas « trop approfondir […] offenser » (v.45,46).

L'ironie de L.F est évidente lorsqu'il déclare « tous les gens […] petits saints » (v.47,48). Le contraste entre la solennité de l'alexandrin avec césure à l'hémistiche et l'affirmation moqueuse du v.48 marque la volonté sarcastique du fabuliste à l'égard de ses Grands, représentant la noblesse d'ancien régime, ordre privilégié qui avait oublié son devoir médiéval : « se battre pour défendre autrui », au profit de ses droits et privilèges. Il en est de même pour le loup qui représente le clergé et sa corruption puisqu'il condamne l'âne, non pas pour sa faute : « une peccadille » (v.59) (=un petit pêché) mais en fonction de son appartenance sociale : le tiers état (c-a-d le peuple). Comme nous avons pu le constater, si la fable cherche à plaire à ses lecteurs par le fond et la forme, elle dégage également une portée critique.

La portée critique de l'apologie

a) Satire des courtisans : L'analogie entre les Animaux et les Hommes est une constante des fables de L.F.

Toutefois, l'on constate dans ce livre VII que le fabuliste cible la Cour dans la fable 6 « La cour du lion ». Il souligne dans celle ci l'hypocrisie, le mensonge et la flatterie qui permettent aux puissants symbolisés par le tigre et l'ours ou encore le loup de s'exonérer de leurs propres fautes en les minimisant ou en les escamotant pour condamner le plus faible et le plus innocent en exagérant l'importance de la faute, au demeurant anodine : « Manger l'herbe […] bien voir » (v.60,62)

b) Blâme de l'injustice du temps : C'est donc la justice du temps et sa partialité que L.F critique lorsqu'il affirme dans sa moralité explicite : « Selon que vous […] noir » (v.63,64). Le fabuliste s'adresse donc à ses lecteurs comme en témoigne l'emploi du pronom personnel « vous » pour déclarer que la culpabilité est fonction de l'appartenance sociale et qu'en conséquence les puissants, qu'ils appartiennent à la noblesse ou au clergé, ont, par définition, le pouvoir et sont innocents de tous les crimes qu'ils peuvent commettre. Comme dans la plupart des fables, la morale découle du récit en une démarche déductive qui part du particulier

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