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Marivaux, Les Fausses Confidences, Scène 1, acte 3

Commentaire de texte : Marivaux, Les Fausses Confidences, Scène 1, acte 3. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires

Par   •  2 Février 2022  •  Commentaire de texte  •  2 156 Mots (9 Pages)  •  1 834 Vues

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Oral français texte 1

MARIVAUX, LES FAUSSES CONFIDENCES, ACT I, SCÈNE 2

INTRODUCTION :

Marivaux est l’un des plus grand dramaturges français du XVIIIe siècle. Ses comédies sont à la croisée de la Commedia Dell’arte burlesque et d’un théâtre galant et psychologique. Ce texte est un extrait Des Fausses Confidences écrit par Marivaux et publié en 1738. Dans cette pièce s’entremêle les thèmes traditionnels de l’amour et de l’argent. Marivaux met en scène un badinage amoureux : le marivaudage, qui lui permet de cerner les variations les plus infimes qui traduit les cheminements de l’amour dans le coeur. Il mène les personnages de la naissance de l’amour à sa surprise jusqu’à l’aveu. Dans cette comédie de l’aveu, il faudra 3 actes pour que la riche veuve Araminte avoue sa volonté d’épouser son intendant désargenté Dorante à la place de son prétendant le Comte. Le dramaturge reprend le duo maitre-valet, un couple traditionnel de la comédie. Cependant, la frontière entre le maitre et son domestique est fortement troublée. Dubois apparait comme un véritable stratège qui est totalement décidé à favoriser ce projet de mariage entre Dorante et Araminte. Cela confère donc une forme autorité à Dubois sur son jeune maitre qui s’en remet à lui. La relation est donc dès le départ faussée et Dorante accepte de s’en remettre à lui. C’est grâce au jeu des fausses confidences dont le titre fait explicitement référence que Dubois va réussir à mener Dorante la ou il veut aller. Cet extrait est un passage de la scène d’exposition. Dubois va montrer à son jeune maitre l’efficacité de son stratagème qu’il a élaborer. C’est un moment de sincérité car ils sont alliés, c’est également l’unique vraie confidence et le seul moment ou le lecteur va connaitre la vérité. Le valet Dubois apparaît clairement ici comme l’héritier des valets machinistes des comédies traditionnelles.

(Lecture expressive du texte)

Comment Dubois s’y prend pour convaincre Dorante de l’infaillibilité de son stratagème parfaitement mis en place par ses soins ?

Nous verrons dans un premier mouvement la présentation des actants du stratagème (ligne 45 à la ligne 52) puis dans un second mouvement Dubois ou l’éloquence au service du stratagème.

PRÉSENTATION DES ACTANTS DU STRATAGÈME

Dubois s’efforce dès le départ de rassurer son maître. Les objections formulées par Dorante révèlent sa vulnérabilité et soulignent la possibilité de l’échec du stratagème.

La première objection est d’ordre financier :« elle a plus de cinquante mille livres de rente » ; Dorante s’efface grammaticalement de la réplique et rappelle à Dubois la fortune d’Araminte, ce qui suggère que le premier obstacle au mariage est d’ordre social. Dubois minimise le problème de manière moqueuse en jouant sur les nombres « vous en avez bien soixante », mais en négligeant volontairement le mot « mille » qui justifierait l’inquiétude de Dorante.

La deuxième objection est dissimulée dans une tournure interrogative, renforcée par

l‘adverbe d’intensité « extrêmement ». Il fait allusion au caractère d’Araminte. Cependant, la jeune femme n’a toujours pas été nommée, comme si elle existait seulement par son statut de jeune veuve. En inversant la situation grâce au parallélisme de construction « tant mieux pour vous, et tant pis pour elle », Dubois énonce de manière convaincante que la raison peut au contraire devenir un atout

On voit bien que cet échange révèle un rapport de force traditionnel comique entre un maître inquiet, démuni face à une situation inconfortable, et un valet imaginatif, bien décidé à lui redonner confiance.

Dubois présente alors l’intrigue amoureuse dans une sorte de parodie de comédie invitant Dorante à imaginer avec lui les étapes réussies du stratagème. Il formule premièrement de manière hypothétique l’exposition « si vous lui plaisez » ; ensuite la progression de l’intrigue est évoquée de manière hyperbolique par la gradation ascendante « elle en sera honteuse, elle se débattra tant, elle deviendra si faible »; Dubois utilise le futur pour donner une fiabilité rassurante à ses propos , suggérant qu’il ne pourra en être autrement ; il est à noter qu’il exploite ici de manière parodique le dilemme propre aux héroïnes tragiques, dilemme opposant raison et sentiments, perceptible dans la formulation « elle se débattra tant »qui évoque un véritable combat intérieur. Enfin arrive le dénouement de cette comédie imaginée Dubois avec la subordonnée consécutive annoncée par les trois corrélatifs (= les trois adverbes d’intensité « si », « tant » et « si ») « qu’elle ne pourra se soutenir qu’en épousant », cette issue est montrée comme inévitable grâce à la formule restrictive, ce qui souligne l’efficacité de son plan.

Dubois se montre très sûr de lui et de ses qualités de stratège : la formule familière « vous m’en direz des nouvelles » souligne l’infaillibilité de son stratagème et se veut rassurante pour Dorante. Dubois semble vérifier son stratagème par la question « vous l’avez vue et vous l’aimez ? ». Le spectateur attend la réponse de Dorante pour être informé des sentiments de ce dernier

Dorante se livre à une confidence sincère, il ne joue ici aucun rôle, car il est face à un allié, son confident = son valet Dubois qui œuvre pour lui. Par sa réponse réduite à une unique phrase « je l’aime avec passion et c’est ce qui fait que je tremble !» il souligne avec humilité et confiance face à Dubois le rapport entre ce qu’il ressent pour elle et l’état dans lequel cela le met ; son émotion est perceptible grâce à l’emploi de la modalité exclamative, le choix du verbe « tremble » insiste sur sa vulnérabilité, l’on perçoit son besoin d’être secouru, donc l’aide qu’il réclame implicitement à Dubois ; on peut souligner d’ailleurs l’opposition des caractères : Dubois parodique, jovial, railleur et sûr de lui, Dorante amoureux transi, craintif, en proie à ses émotions, se voyant déjà perdant.

DUBOIS OU L’ÉLOQUENCE AU SERVICE DU STRATAGÈME

La réplique de Dubois prend alors l’allure d’un discours didactique dans lequel le valet montre à son maître toute l’infaillibilité du stratagème élaboré par ses soins. Il utilise premièrement une parodie d’exorde : au lieu de mettre en place une « captatio benevolentiae », le valet rudoie son maître comme le montre la modalité exclamative avec les deux interjections « Oh ! » puis « eh que diantre !». Dubois se montre excédé par Dorante :« vous m’impatientez avec vos craintes », on peut noter l’effet d’insistance sur la 2pp avec le pronom puis le déterminant, qui prend la valeur d’un reproche : on perçoit le glissement du rapport de force entre les deux personnages : le valet devient en quelque sorte le maître de son maître à qui il tient un langage énergique et assuré.

L’emploi du futur « vous réussirez « accentue cet aspect tout comme la formule insistante « vous dis-je » qui souligne la nécessité pour Dorante de s’en remettre à lui avec confiance. Le discours du valet s’étoffe alors de notations relatives à l’ethos, c’est-à-dire à sa propre personne, digne de confiance : ainsi, usant d’un ton péremptoire, Dubois se présente comme une sorte de génie de la manipulation par qui tout a été pensé, réfléchi, calculé ; la formulation « je m’en charge, je le veux, je l’ai mis là » avec la reprise anaphorique de la 1ps met en scène son dévouement, le rythme ternaire soulignant l’appropriation symbolique par Dubois du projet de mariage de Dorante ( il s’en occupe, le fait sien et enfin le garde présent au fond de son esprit comme le suggère la didascalie interne « mis là » ).

Le rythme binaire et l’emploi de la 1pp dans la formulation suivante« nous sommes convenus de toutes nos actions , toutes nos mesures sont prises » lui permet habilement d’inclure Dorante.

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