DissertationsEnLigne.com - Dissertations gratuites, mémoires, discours et notes de recherche
Recherche

L'Influence Des Classes Sociales Sur Les Choix Et Goûts Culturels

Documents Gratuits : L'Influence Des Classes Sociales Sur Les Choix Et Goûts Culturels. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires
Page 1 sur 12

ts de mener des stratégies de distinction envers les membres des autres classes, « les biens se convertissent en signes distinctifs. », ainsi « une classe est définie par son être-perçu autant que par son être, par sa consommation, autant que par sa position dans les rapports de production ». Dans le champ culturel, les stratégies des agents diffèrent selon leur position. Les individus aux positions dominantes opteront pour des stratégies de conservation. En revanche, les individus en position dominée pratiqueront des stratégies de bouleversement en cherchant à transformer les règles de fonctionnement du champ.

La légitimité culturelle est renforcée par les mécanismes d’acquisition de la compétence culturelle. Cette dernière s’acquiert principalement au sein de l’enseignement scolaire et de la famille. Mais l’efficacité de la transmission culturelle assurée par l’école dépend de l’importance du capital directement hérité de la famille. En ce sens, l’école valide des acquis sociaux antérieurs. Dès lors, rendre compte de la hiérarchie des goûts implique de les mettre en relation avec la hiérarchie sociale.

2. La culture est une dimension de la lutte entre les classes sociales

L’espace social oppose différentes classes et fractions de classe selon le volume et la structure de capital. Outre le capital culturel, différentes formes de capital permettent de structurer l’espace social : le capital économique, ensemble des biens économiques, constitué du revenu, du patrimoine et des biens matériels ; le capital social qui se définit essentiellement comme l’ensemble des relations sociales dont dispose un individu ou groupe et dont la détention implique un travail d’instauration et d’entretien des relations, c’est-à-dire un travail de sociabilité (invitations, loisirs en communs, etc.) ; le capital symbolique qui correspond à l’ensemble des rituels (comme l’étiquette ou le protocole) liés à l’honneur et à la reconnaissance.

Parmi les différentes formes de capital, c’est le capital économique et le capital culturel qui fournissent les critères de différenciation les plus pertinents pour construire l’espace social. Dès lors, les agents se différencient selon une double dimension. La première, sur un axe vertical, consiste à hiérarchiser les groupes sociaux selon le volume de capital dont ils disposent. Ainsi, on pourra opposer les agents fortement dotés en capital tant économique que culturel (patrons, membres des professions libérales, professeurs d’université) aux agents faiblement dotés (ouvriers et salariés agricoles). La seconde, sur un axe horizontal, opère une distinction selon la structure du capital, c’est-à-dire l’importance respective des deux espèces de capital dans le volume total de leur capital. De ce fait, on pourra opposer les agents pour lesquels le capital économique prédomine par rapport au capital culturel (les patrons de l’industrie) et les agents aux propriétés opposées (professeurs).

Graphique de l’espace des positions sociales et des styles de vie selon P. Bourdieu (voir en annexe la version complète)

Par conséquence, l’accumulation de capital culturel devient un enjeu de lutte entre groupes.

3. L’habitus de classe est au fondement des pratiques culturelles

L’acquisition des compétences culturelles s’opère par le biais de l’habitus, produit du milieu d’origine, et de la trajectoire individuelle et collective dans l’espace social. L’habitus est le concept central de l’analyse faite par Pierre Bourdieu. Il consiste en un système de dispositions durables intériorisées par les individus qui fonctionne comme principes inconscients d’action, de perception et de réflexion. Il est donc à la fois la grille de lecture à travers laquelle nous percevons et jugeons la réalité et le décisionnaire de nos pratiques. Les acquisitions les plus décisives et les plus durables sont celles que nous avons subies au cours de notre socialisation primaire au sein de la famille. Mais l’habitus n’est pas figé, il se restructure selon la trajectoire sociale de l’individu. Ceci implique que nos pratiques et représentations ne sont ni totalement déterminées, car les agents font des choix, ni totalement libres, car orientés par l’habitus.

« Du fait que des conditions d’existence différentes produisent des habitus différents, les pratiques qu’engendrent les différents habitus se présentent comme des configurations systématiques de propriétés exprimant les différences objectivement inscrites dans les conditions d’existence sous la forme de systèmes d’écarts différentiels qui, perçus par des agents dotés des schèmes de perception et d’appréciation nécessaires pour en repérer, en interpréter et en évaluer les traits pertinents, fonctionnement comme des styles de vie. ». La similitude des habitus fonde différents styles de vie qui s’opposent. Un style de vie est un ensemble de goûts, de croyances et de pratiques systématiques caractéristiques d’une classe ou d’une fraction de classe. Il comprend donc par exemple les opinions politiques, les convictions morales, les préférences esthétiques mais aussi les pratiques alimentaires, vestimentaires, culturelles, etc.

L’habitus rend donc possible un ensemble de comportements et d’attitudes conformes à notre apprentissage. Il a donc pour conséquence que les agents se comportent de manière à ce que se perpétuent les relations entre classes. D’ailleurs, nous pouvons observer un lien entre la structure des classes et la structure des goûts.

B. Similitude entre l’espace social et les goûts des classes

Selon Pierre Bourdieu, il y aurait 3 principales familles de classe : Les classes dominantes, au sommet de la hiérarchie, la petite bourgeoisie et les classes populaires, les dominés. Dans chacune des familles, il est possible de distinguer plusieurs fractions caractérisées par leur capital ou leurs styles de vie.

1. Les classes dominantes, « le sens de la distinction »

La classe dominante cherche à maintenir sa position par une stratégie de distinction, en définissant et en imposant, pour le reste de la société, le « bon goût », la culture légitime. « De toutes les techniques de conversion visant à former et à accumuler du capital symbolique, l’achat d’œuvres d’art, témoignage objectivé du « goût personnel », est celle qui se rapproche le plus de la forme la plus irréprochable et la plus inimitable de l’accumulation, c’est-à-dire l’incorporation des signes distinctifs et des symboles du pouvoir sous la forme de « distinction » naturelle, d’ »autorité » personnelle ou de « culture ». ». Il s’agit de faire distingué, tant par son aisance corporelle que par son langage, le choix de son intérieur ou les lieux de vacances. Par ailleurs, dès qu’une pratique se diffuse, donc perd de son pouvoir distinctif, s’y substitue une autre, réservée aux membres des classes dominantes. Son rapport à la culture s’opère sur le mode de la distanciation, de l’aisance.

Mais selon la structure du capital possédé, il est possible de distinguer deux fractions opposées de classes dominantes. Ainsi, « le lieu par excellence des luttes symboliques est la classe dominante elle-même : les luttes pour les définitions de la culture légitime qui opposent les intellectuels et les artistes ne sont qu’un aspect des luttes incessantes dans lesquelles les différentes fractions de la classe dominante s’affrontent pour l’imposition de la définition des enjeux et des armes légitimes des luttes sociales » :

- La fraction dominante de la classe dominante se caractérise par une prédominance du capital économique. Elle se décompose elle-même en deux groupes : la bourgeoisie ancienne (patrons des grandes entreprises du commerce et de l’industrie, axée vers la production et de l’accumulation, et la bourgeoisie nouvelle (cadres supérieurs du secteur privé), orientée vers la consommation.

- La fraction dominée de la classe dominante est, quant à elle, davantage pourvue en capital culturel qu’en capital économique. Elle regroupe les ingénieurs, les professeurs, les professions intellectuelles.

Dès lors s’opposent deux styles de vie : aux goûts de luxe des premiers (voyages, la possession d’œuvres d’art ou voiture de luxe) s’oppose à l’humilité des seconds (lectures, musique classique, théâtre, etc.).

2. La petite bourgeoisie, « la bonne volonté culturelle »

Ses membres partagent un certain nombre de propriétés objectives communes, mais leur identité sociale se solidifie dans leur respect face à la culture. Les petits bourgeois occupent une position moyenne dans l’espace social mais font preuve d’une volonté d’ascension sociale. « L’habitus petit bourgeois est la pente de la trajectoire sociale, individuelle et collective, devenue penchant par où cette trajectoire ascendante tend à se prolonger et à s’accomplir ». La petite bourgeoisie respecte profondément l’ordre social établit. Les membres de la petite bourgeoisie sont caractérisés par un habitus fondé sur la restriction par prétention et leur volonté d’ascension sociale. Ils témoignent d’une « La bonne volonté culturelle s’exprime entre autres choses par un choix particulièrement fréquent des témoignages les plus inconditionnels de docilité culturelle (choix d’amis

...

Télécharger au format  txt (19.7 Kb)   pdf (153.5 Kb)   docx (12.5 Kb)  
Voir 11 pages de plus »
Uniquement disponible sur DissertationsEnLigne.com