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La Rencontre M-Dg

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: Elle me parut ; je me trouvai enflammé. Le passé simple est d’ailleurs amplifié par l’emploi de l’adverbe exprimant la soudaineté : d’un coup. On remarque aussi la parataxe : en effet, les phrases se suivent sans lien logique ou chronologique : d’abord des Grieux décrit l’arrivée des passagers puis celle de Manon : Il en sortit quelques femmes, qui se retirèrent aussitôt…. il en resta une ; et immédiatement après, il exprime sa passion pour Manon, sans donner aucune explication précise, à peine s’il évoque le caractère charmant de Manon, ce qui est trop vague pour expliquer l’embrasement de son cœur : je me trouvai enflammé.

· La rupture : La rencontre comporte une autre caractéristique : elle marque une rupture dans l’existence de des Grieux, une fracture entre « avant » et « après ». Ainsi au moment où se produit la rencontre, la conjonction : mais il en resta une permet d’expliquer comment le regard de des Grieux a isolé Manon du groupe indistinct des femmes. Par ailleurs, l’auteur joue avec l’emploi des temps verbaux. Ainsi on relève le plus-que-parfait : moi qui n’avais jamais pensé, ni regardé : or ce temps exprime une action accomplie : donc son indifférence à l’égard des « filles » est révolue. Mais il emploie aussi l’imparfait : tout le monde admirait [sa] sagesse ; or ce temps exprime une action en voie d’achèvement : donc sa sagesse est en voie de disparition ; de même dans la phrase : j’avais le défaut d’être timide : l’imparfait suggère que des Grieux est sur le point de guérir de ce défaut. La rupture s’exprime aussi à travers la disparition des personnages secondaires. En effet, à partir du moment où des Grieux pose son regard sur Manon, plus rien n’existe : ainsi les autres personnages semblent s’être volatilisés : le chaperon de Manon : l’homme d'un âge avancé, qui paraissait lui servir de conducteur, tout comme l’ami fidèle et le tuteur en quelque sorte de des Grieux : Tiberge ont disparu du récit. Les deux amoureux semblent seuls au monde.

· Les modalités de la rencontre : la rencontre se déroule en plusieurs étapes. Elle passe d’abord par le regard : c’est la curiosité qui incite des Grieux à s’intéresser à Manon, et les détails qui retiennent son attention sont véhiculés par le sens visuel : il perçoit en effet sa beauté : fort jeune ; elle me parut charmante ; son entourage : un homme d'un âge avancé… paraissait lui servir de conducteur, s'empressait pour faire tirer son équipage. Puis une plus grande proximité s’installe entre eux. C’est d’abord le jeune homme qui franchit la distance qui les sépare : je m’avançai. Puis ils commencent à échanger des paroles. Je lui demandai / Elle me répondit. Les propos eux-mêmes révèlent une progression de l’intimité, car si au début le sujet abordé est banal, ordinaire : mes politesses (c-à-d les banalités d’usage qu’un jeune homme tient à une jeune fille) ; demandai ce qui l'amenait à Amiens et si elle y avait quelques personnes de connaissance, le ton devient ensuite plus intime puisque Manon confie des secrets personnels : C'était malgré elle qu’on l'envoyait au couvent, et livre le fond de son âme : elle ne prévoyait que trop qu’elle allait être malheureuse.

Les conséquences du coup de foudre : la métamorphose de des Grieux

La rencontre produit des effets extraordinaires sur des Grieux, a pour résultat d’influer durablement sur sa personnalité.

· D’une part le changement est d’ordre émotionnel : en effet, elle décuple son émotivité. On relève ainsi un vocabulaire de la passion renforcé par l’utilisation systématique de l’hyperbole : enflammé ; transport : (rappelons que le transport est un état d’émotion si intense qu’il plonge presque la personne dans un état d’inconscience). De même, il exagère les obstacles à son bonheur : je regardai ce dessein comme un coup mortel pour mes désirs ; cruelle intention de ses parents. Ainsi, à la lumière de sa passion, tout prend d’énormes proportions.

· La mutation est aussi d’ordre psychologique. En effet, des Grieux devient plus audacieux, plus entreprenant. Ainsi on relève des verbes d’action qui le montrent actif : il n’hésite pas à aborder Manon qu’il ne connaît pourtant pas et dont il pourrait attendre des rebuffades (= rejets, refus). De même, on remarque la récurrence du pronom Je : rappelons que jusque-là des Grieux employait le pronom nous : nous vîmes pour suggérer qu’il formait une entité avec Tiberge ; la récurrence de Je exprime son indépendance. De plus, Je étant un pronom sujet prouve qu’il prend son destin en main, qu’il est maître de ses actes : je m’avançai ; je lui demandai ; je lui parlai ; je combattis.

· Le bouleversement est aussi d’ordre moral. En effet, lui qui était félicité : admiré pour [sa] sagesse, lui qui respectait son père : j'aurais porté chez mon père toute mon innocence, voilà qu’il se permet de combattre [les] parents de la jeune fille ; lui qui se destinait à la vocation religieuse, le voilà qui détourne une jeune fille de son projet religieux : on l'envoyait au couvent, pour arrêter son penchant au plaisir, ce qui encouragera Manon à persister dans la voie du vice.

· Autre changement : la révélation de la sensualité. En effet, il voit Manon, non comme un être humain, mais comme une vraie femme. Ainsi il est sensible à ses charmes : charmante ; et surtout à son apparence physique : regard, air. Concernant ses propres réactions, il emploie les termes désirs ; plaisirs qui évoquent une attirance physique pour Manon.

II – UN RECIT RETROSPECTIF DISTANCIE

Un récit qui a pour but d’expliquer les faits

Cependant ce récit est effectué avec quelques années de recul, suffisantes pour donner à des Grieux l’expérience et la maturité nécessaires pour remettre les événements dans leur juste perspective.

· Ainsi il donne 2 explications au coup de foudre : Tout d’abord les attraits de Manon. En effet, d’emblée 2 aspects de son physique le séduisent : sa jeunesse : fort jeune, moins âgée que moi et sa beauté : si charmante ; ce dernier aspect sera d’ailleurs complété par d’autres observations : la douceur de ses regards, son air charmant. L’autre raison qui explique la naissance instantanée de la passion est l’inexpérience de des Grieux. En effet, dans une longue phrase, il présente un autoportrait qui souligne son ignorance dans le domaine amoureux : noter les négations : moi qui n’avais jamais pensé à la différence des sexes, ni regardé une fille avec un peu d'attention. Mais la raison du coup de foudre est aussi due à la personnalité même de des Grieux ; il rappelle en effet les « défauts » du jeune homme qu’il était : excessivement timide et facile à déconcerter : cette fois, il emploie des hyperboles : excessivement ; facile. De plus, dans les 2 cas il emploie un rythme binaire : n’avais jamais pensé à la différence des sexes // ni regardé une fille ; j'avais le défaut d'être excessivement timide // et facile à déconcerter qui met en valeur les explications.

· Il donne aussi une explication aux malheurs qui ont jalonné sa passion pour Manon : elle est introduite pas les modalisateurs à valeur de prolepse : pour arrêter sans doute son penchant au plaisir, qui s'était déjà déclaré et qui a causé, dans la suite, tous ses malheurs et les miens. Avec le recul et la connaissance qu’il a de Manon, il comprend pourquoi celle-ci est envoyée au couvent et finalement pourquoi il a eu tort de la détourner du projet que ses parents avaient fait pour elle afin de la protéger d’elle-même : on l'envoyait au couvent, pour arrêter sans doute son penchant au plaisir qui s’était déjà déclaré.

Un narrateur qui veut démystifier (= détromper) le romanesque de la situation

Le narrateur se sert aussi de sa connaissance a posteriori des faits pour démystifier la rencontre.

· Tout d’abord il révèle que Manon le manipulait. Ainsi il pointe les contradictions dans le comportement de Manon à travers des antithèses : ingénument // elle était bien plus expérimentée (or on ne peut pas, à moins de mentir, être à la fois innocente et avertie des choses de la vie). De même, il relève certaines anomalies qui avaient échappé au jeune des Grieux. – 1Ainsi la destination de Manon : on l’envoyait au couvent ; or à l’époque, une jeune fille n’était contrainte à prendre le voile que dans 2 cas plus ou moins avouables : soit du fait des parents : quand ils n’avaient pas les moyens d’offrir une dot à leur fille pour qu’elle se marie ; soit du fait de la jeune fille : quand elle avait eu une conduite inconvenante, libertine. Or Manon avait un domestique : un homme d'un âge avancé paraissait lui servir de conducteur, ce qui prouvait donc que le 1er cas ne la concernait pas. – 2Autre anomalie : des Grieux ne remarque pas que Manon est un peu trop familière pour une jeune fille de bonne famille ; en effet, elle n’est pas farouche et se laisse facilement accoster par un inconnu : elle reçut mes politesses sans paraître embarrassée : autrement dit : elle avait l’habitude que des jeunes gens viennent la saluer ; de même : Elle n’affecta

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