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Le Processus De Création

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s commentaires des Vedanta Sutra de Shankara. La Manifestation ne se comprend que dans un Devenir essentiel et immanent, qui obéit à la loi souveraine du Temps. De ces deux interprétations de la Création, seule la seconde a parenté avec le travail de l’artiste. L’artiste ne commence pas à partir de rien, il ne regarde pas du lointain son objet. Il ne suffit pas qu’il en ait une brusque idée pour que la chose jaillisse toute seule comme par magie dans l’existence. Il met en forme un matériau qui préexiste à son action. Il taille la pierre, il sculpte le bois, il coule le plâtre, organise des sons, met en forme les mots. La création enveloppe la résistance de la matière, demande du temps et un travail souvent difficile. On pourrait dire, en ce sens, que Dieu interprété comme démiurge, est un artiste ou bien que l’artiste en créant, s’élève et se rapproche de l’Acte de Création divine dans l’Univers. La différence entre l’artiste et Dieu est dans la perfection, et la puissance de Manifestation. Il paraît donc tout à fait normal, dans le contexte tradition nel, de célébrer tout art comme art divin, car il n’y a pas de fossé absolu entre l’artiste universel qu’est la Nature et l’artiste humain. Cela ne veut pas dire pourtant qu’ils opèrent de la même manière. Comme le rappelle Aristote, dans la création humaine, le sujet se distingue de l’objet. L’artiste est distinct de ce marbre qu’il sculpte, de cette feuille blanche sur laquelle il dessine. La forme, il la trouve dans son propre esprit. La rose, comme création de la Nature, n’est pas créé comme un homme pourrait la créer, en collant des pétales sur une tige. La forme s’épanouit d’elle-même, l’intelligence créatrice qui fait la rose est dans la rose, l’Idée de la rose, et le processus de création est immanent à la rose elle-même. La Nature, comme l’artiste, met en forme, mais la Nature est un artiste intérieur, tandis que l’homme est artiste en étant extérieur à son objet. Aussi les choses créées par l’homme, autant les objets techniques que les œuvres d’art, sont toujours artificielles. L’art manifeste ce qui n’existait pas dans la Nature, ce qui n’était qu’un possible dans l’esprit de l’artiste, et non pas le réel suivant la Nature. Les fruits existent dans la Nature, mais la nature morte de Chardin est une œuvre d’art. Les fruits existent par nature. Le tableau est le produit de l’imagination et du travail d’un artiste. Le sculpteur humain impose au bloc de marbre un visage, une forme qui est d’abord une image dans son esprit. Il s’identifie presque à la Nature dans l’acte de la création, quand il voit le buste comme sortir du marbre, comme si, à coups de burin, il aidait la forme à se dégager de son carcan de pierre, comme si la forme était déjà présente dans la pierre, alors qu’elle réside en fait dans son esprit. La Nature est artiste en donnant la forme de la rose de l’intérieur. Aristote dirait que la Nature est telle qu’une intelligence créatrice qui dispose avec art la forme, forme qui répond aussi à une utilité, car la Nature ne fait rien au hasard ni en vain. L’art humain informe une matière, donne forme, conformément à l’idée qui est dans l’esprit de l’artiste. L’idée humaine est neuve. Selon le mot d’Agathon le poète, l’art aime le hasard, comme le hasard aime l’art. L’art met au monde ce qui n’a jamais existé auparavant, ce qui a germé comme idée dans l’esprit de l’artiste et non ce qui est nécessaire dans la finalité de la Nature. La statue appartient à l’ordre de l’artifice humain, tandis que la fleur, le coquillage sont de l’ordre de la Nature. Dans les deux créations pourtant une forme est pourtant donnée, dans un cas par la spontanéité de la Nature, dans l’autre par l’activité consciente de l’homme, dans la puissance de l’imagination de l’artiste.

B. Les sources de la création

Ce qui définit en propre la création artistique, c’est surtout son origine. Les sources de la création esthétique peuvent être recherchées : 1) dans des détermination externes. 2) à la racine de la créativité artistique. 1- Arrêtons nous sur quelques explications de l’art. Plus fréquente est l’explication psychologique de la création artistique. On a souvent soutenu que la créativité artistique était liée à la « névrose ». Le mythe du « poète maudit » hante encore nos mentalités. Ill est très romantique de penser que la création artistique conduit à la folie, comme celle de Van Gogh, de Gérard de Nerval ou celle de Schuman. Nous aimons voir dans l’artiste une sorte de marginal a-typique, qui s’oppose à la médiocrité de la normalité, d’où la constante tentation de confondre l’excentricité pure et simple avec le génie. La psychanalyse a aussi accrédité toutes sortes de réductions faciles. Freud soutient que l’ar-

tiste est un névrosé qui parvient à sublimer ses pulsions sexuelles dans une création esthétique, tandis que le névropathe lui, en reste au seul fantasme solitaire, sans pouvoir le faire partager socialement. Toulouse Lautrec qui avait un physique disgracieux aurait compensé son complexe d’infériorité, dans un choix de modèles de puissance et de grâce physique. Michel Ange ne peindrait des colosses, comme son Christ de la Chapelle Sixtine, que parce qu’il était lui-même malingre et chétif. Freud estime que l’artiste parvient ainsi à reprendre pied dans le réel, ce que le névrosé ordinaire ne peut faire. « L’artiste, comme le névropathe, s’était retiré loin de la réalité insatisfaisante dans ce monde imaginaire, mais à l’inverse du névropathe il s’entendait à trouver le chemin du retour et à reprendre pied dans la réalité ». Nous aimons mettre sur un pied d’égalité le fantasme et la création artistique. Freud abonde dans ce sens. Ainsi pour l’artiste « ses créations, les œuvres d’art, étaient les satisfactions imaginaires de désirs inconscients, tout comme les rêves ». Quoi de plus séduisant, dans notre hédonisme postmoderne, que cette idée selon laquelle notre intérêt pour l’art lui-même, serait lié à des désirs inconscients inassouvis que nous rencontrerions dans les œuvres d’art ? Freud écrit : « à l’inverse des productions asociales narcissiques du rêve, elles pouvaient compter sur la sympathie des autres hommes, étant capables d’éveiller et de satisfaire chez eux les mêmes inconscientes aspirations du désir ». L’intérêt sexuel pour l’art trouve là une justification et l’appui d’une autorité. Cependant, Freud lui-même n’est pas aussi simple, que la lecture la plus facile le laisse penser. Il avoue que l’explication psychanalytique ne touche pas au mystère de la création artistique comme moyens et don : « L’analyse ne peut en effet rien nous dire de relatif à l’élucidation du don artistique, et la révélation des moyens dont se sert l’artiste pour travailler, le dévoilement de la technique artistique n’est pas non plus de son ressort ». Nous sommes peut-être victimes de notre propre complaisance. Ce type de disqualification du supérieur par l’inférieur, est peut être l’alibi commode des gens équilibrés, mais sans talent, pour décrier ceux qui ont du talent, mais pas d’équilibre. On en est venu un peu vite à supposer que la névrose est la cause du talent et non son effet. Or n’est-ce pas plutôt l’inverse ? Quand on analyse la création artistique chez la plupart de ces artistes, on trouve en fait qu’ils menaient surtout une vie déséquilibrée. La névrose est souvent la conséquence du surmenage, du snobisme de la drogue, de l’absence de discipline chez les artistes. Balzac s’est tué en abusant de la consommation de café. Cocteau a du faire une cure de désintoxication pour se débarrasser de l’opium. Soyons clair : s’il fallait suivre ce genre de point de vue, on devrait vérifier que les hôpitaux psychiatriques sont des écoles du génie. Enfin, il est aussi facile d’arguer que l’artiste tire son inspiration de la pression qu’exerce la société de son temps. L’explication sociologique consiste à ne voir dans l’art que l’écho de la conscience collective d’une société. Nietzsche, par exemple, tend à dire que la création dépend des trois M : le milieu, le moment, la mode. L’artiste reçoit un conditionnement lié à son milieu.

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