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Justice Et Violance

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précédente. C’est Cronos castrant son père Ouranos, puis Zeus destituant Cronos son père. Zeus, le législateur divin, appartient à une lignée transgressive, et n’affirme sa loi que par le meurtre du père. Les Erynies sauront s’en souvenir, pour désavouer la justice de Zeus qui leur dérobe Oreste : «D’après toi, Zeus donne le pas au sort du père / Mais lui-même entrava son père, le vieux Kronos » (Eu., 640-641) ]

b. Par quel processus la violence produit-elle le droit ? [réponse au « comment » du sujet]

- le règne de la force légitimé : le temps et la coutume : « Comme […][le peuple] croit que la vérité […] est dans les lois et coutumes, il les croit, et prend leur antiquité pour une preuve de leur vérité (Pensées fgt 325 (et non de leur seule autorité sans vérité). Ainsi il y obéit ; mais il est sujet à se révolter dès qu’on lui montre qu’elles ne valent rien ; ce qui peut se faire voir de toutes, en les regardant d’un certain côté » (fgt 325).

Fgt 299 / 81, p. 147 : « […] ne pouvant faire qu’il soit forcé d’obéir à la justice, on a fait qu’il soit juste d’obéir à la force ; ne pouvant fortifier la justice, on a justifié la force, (Fgt 299 / 81, p. 147 ) afin que le juste et le fort fussent ensemble, et que la paix fût, qui est le souverain bien.

- la prise de conscience pragmatique : contrat et appétits conjugués.

La société des campements, [oublieuse des principes moraux que paradoxalement incarnait l’asocial Muley Graves[1],] pour conjurer le risque d’une « guerre de tous contre tous » s’est organisée comme « une espèce de système d’assurance qui prit vite de l’ampleur. Un homme ayant à manger nourrissait un affamé et s’assurait ainsi contre la faim » (272).

Ainsi ce n’est pas la « Justice-lumière » qui illumine ici l’horizon des hommes, mais dans un cas l’habitude, dans l’autre un effort constamment contrarié par les passions particulières. Dès lors, on ne s’étonnera pas qu’un tel droit ne constitue qu’une très fragile protection contre la violence. Les principes conflictuels qui le fondent finissent tôt ou tard par ressortir. Ce droit là est, paradoxalement, facteur de violence. C’est qu’il n’est jamais très loin du « droit naturel », lequel autorise, tout homme à tout faire pour assurer sa subsistance.

B. La loi est parfois génératrice de violence : [le B et le C défont le couple « justice et loi » du sujet] [et surtout, nous jouons ici sur « dans l’histoire des hommes, justice et loi ne s’imposent que dans le travail violent de la guerre et du massacre » = dès qu’apparaissent justice et loi, la violence apparaît aussi ! Jouant de l’ambiguité de l’énoncé, nous avons inversé la causalité qui s’était d’abord imposée à nous].

a. Le droit « est aussi facteur de conflit, […] il est même lié intimement au conflit, du fait que, en général, celui-ci éclate à propos d’un droit, peu importe si l’on a juridiquement tort ou raison. Ainsi la querelle entre deux paysans à propos des bornes d’un champ a pour objet le droit, au sens que l’un ou l’autre se trouve lésé. Une guerre se justifie par l’appel au droit, qu’il s’agisse de l’héritage dynastique dans les guerres de succession, du droit à l’espace vital ou du droit à l’indépendance » (Julian FREUND). Ne retenons que le droit à l’espace vital (donc à la nourriture). [Ce droit est un principe de droit naturel]. Ce paysan l’énonce très clairement: « S’ils [scil. : les propriétaires du middle-west] vous détestent, c’est parce qu’ils ont peur. Ils savent bien qu’un homme qu’a faim, faut qu’il trouve à manger quand bien même il devrait le voler. Ils savent bien que toute cette terre en friche, quelqu’un viendra la prendre ».

Un même droit fondamental – le droit de vivre ! - est revendiqué par deux groupes concurrents sur une même terre : la guerre n’est pas loin, comme le pressent Casy : « Il va arriver quelque chose qui changera tout ce pays » (LRC, 243) (la dernière chose de ce genre, c’était la guerre de Sécession…).

[Transition de a. à b. : Ces droits « naturels » ont trop en commun avec la nature : ils sont du côté du fait plus que du droit – il est logique qu’ils puisse, tout aussi naturellement, conduire à la violence.

On peut au moins espérer que le droit positif, fruit de la sagesse du législateur, et expressément conçu pour apaiser les conflits, saura tenir la violence à distance : ]

b. Même le droit positif a une fâcheuse propension à entrer en conflit avec lui-même : cf. les conflits de droit, dans l’espace et dans le temps. Dikè contre dikè, légalité contre légalité – c’est la donnée d’Antigone, et évidemment de nos deux tragédies grecques : « Droit contre droit[2] » Choéphores,. v. 461. « L’Orestie nous rappelle que deux ordres de justice peuvent apparaître contradictoires : l’ordre ancien, qui fait payer le sang par la sang, et l’ordre nouveau, qui permet de s’acquitter de sa peine devant les hommes » (notre édition, dossier, p. 115). Le dossier nous propose également l’exemple des Suppliantes (dilemme entre une injustice prudente et une imprudence juste) et surtout celui des Sept contre Thèbes (une guerre fratricide désole la ville de Thèbes parce que chacun des deux frères est convaincu, contre l’autre, de son droit au trône).

Laupiès : « le différend n’est pas alors entre une posture juste et une posture injuste, mais entre deux revendications de justice. Quel sera alors le troisième terme susceptible de juger ? Est-ce à dire que la justice peut se contredire elle-même ? » La Justice, p. 30-31]. Ces conflits internes au droit menacent l’unité de la justice.

C. Même la justice ordinaire emprunte la forme du conflit.

« N’oublions pas cependant que sa réalisation pratique est naturellement tributaire des antagonismes : mieux encore, pour dépasser ceux-ci, [dans le cadre de l’institution judiciaire, la contradiction et la controverse, tous deux modes servant à transcender les querelles de fait, prolongent le conflit en l’élevant du fait au droit »] (François Terré, p. 110). Sous une forme extrêmement codifiée qui met la passion à distance, le procès, qui se déroule entre des protagonistes devant un juge que l’on veut, suivant une formule très connue, « impartial et désintéressé ». Le vocabulaire de la procédure garde trace de cette violence : pour débattre sur le mode contadictoire, le ton polémique (polémique = guerre) est requis. Apollon lui-même cautionne cette vision guerrière du procès : « Nous avons déjà décoché toutes nos flèches, mais j’attends le verdict qui va décider de la lutte » (Euménides, 676-677). Cette transformation du conflit armé en polémique judiciaire est le principe même du diptyque Choéphores – Euménides.

À quelque niveau que l’on considère la justice, que sa légalité soit humaine ou naturelle on trouve l’hostilité, on trouve le conflit et souvent la violence. C’est là une vérité difficile à admettre.

II. Nous avons une tendance naturelle à oublier l’affinité essentielle entre la justice et le conflit violent :

A. Pourquoi ?

a. Parce que cette justice souvent en conflit avec elle-même est l’exemple même de ces choses aux « diverses qualités » qui heurtent notre logique. Nous supportons mal que la justice puisse être à la fois irénique et conflictuelle, que la loi soit à la fois tension vers un devoir-être et résignation au mal. Ces paradoxes nous dérangent par ce qu’ils ont d’illogique.

b. Parce que nous préférons des mensonges flatteurs à des vérités dérangeantes. L’imagination, maîtresse d’erreur, est maîtresse du monde . elle permet de « se crever les yeux agréablement » (fgt 82).

c. [{Plus généralement, parce que, vivant dans des systèmes politiques qui privilégient le consensus et le compromis, et dans une Europe depuis longtemps pacifiée, nous avons le conflit en horreur. Il faut la lucidité d’un Georg Simmel, pour nous rappeler que « le conflit en tant que tel, abstraction faite de ses manifestations secondaires, et de ses conséquences, est un facteur de socialisation » (François Léger, La pensée de Georg Simmel, 1989, p. 193).]

[Transition ; Il y aurait donc visiblement une forme de lâcheté ou de légèreté à refuser de voir l’essence violente de la justice. Or, une institution humaine très ancienne semble tout entière dédiée à oragniser ce déni : c’est l’histoire écrite, du moins dans ses formes traditionnelles]

B. L’histoire officielle, une paradoxale entreprise d’oubli des transgressions originelles. [c’est aussi la réponse à la question « Comment ? »].Thèse : Il est permis de considérer l’histoire telle qu’elle fut longtemps écrite comme l’institution qui a pu garantir que les exactions originelles, les transgressions fondatrices, soient sinon oubliées, du moins « maquillées » en droit.

-a. L’épisode du « dust bowl » (qui a quelque similitude avec un génocide passif) occupe un bref chapitre dans les histoires officielles des USA. Les souffrances des millions (?) de Okies pèsent moins que la fièvre

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