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Jeux De Massacre

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d'une ville touchée par un mal inconnu. Apparenté à la peste, ce mal progresse de manière fulgurante et semble se propager par contagion. La mort, imprévisible et instantanée, touche tout le monde sans distinction. L'auteur nous décrit cette ville, fermée au monde extérieur et assiégée par la mort, qui, sous l'aspect d'un moine, se promène dans les rues.Au fil du temps et des scènes, les personnages tentent de justifier la mort par tous les moyens possibles. Certains par la politique, d'autres par la résignation, d'autres encore par leur bonheur.

Les habitants commencent à être atteints par une maladie implacable et horrible, compliquée de famine, symbolisée par un moine tout vêtu de noir qui, à plusieurs reprises, frôle tout le monde, se place au milieu du plateau, mais que personne ne voit. Dès la première scène, le mal inconnu fauche tous les personnages, d'un coup. Et vingt scènes, présentant cent personnages, se déroulent dont, chaque fois, le dénouement est la mort. Les gens meurent comme des mouches, les uns dans leur lit, les autres dans la rue au beau milieu ou à la fin d’une conversation. Des amis qui rendent visite à un malade n’ont pas fermé la porte que celui-ci a trépassé. Des médecins, réunis pour examiner la situation, sont fauchés au beau milieu de la séance. Des amants qui se revoient après une longue absence voient leurs retrouvailles écourtées. Une jeune fille qui se prépare pour une soirée expire sur le sofa du salon. Un agent de police atteint par la peste est froidement tué par ses collègues. Des hommes politiques (de gauche comme droite), qui essaient de tirer profit de la situation, descendent de la tribune de la Chambre des députés et tombent raides morts. Même les croque-morts qui, en pareille circonstance, devraient être à l’abri du mauvais sort, ne sont pas épargnés. Un climat de terreur règne dans la population de la ville que le Mal détruit peu à peu. Il en résulte l’égalité des citoyens. Chacun n’en réagit pas moins selon sa personnalité, de façon parfois saugrenue. Les plus polis meurent en s’excusant, les plus affamés en mangeant les plus tendres, et les femmes frivoles en pillant les magasins de frivolités. En attendant l’heure, chacun continue de faire ce qu’il faisait : les politiciens promettent, les malins profitent, les amoureux s’étreignent, Philémon se désespère et Baucis espère, tout aussi vainement.

Commentaire

Ionesco traitait le thème de l'égalité devant l'épidémie, les êtres humains étant vus comme des marionnettes interchangeables, réduites au plus petit commun dénominateur : la mort. Une pièce où l’on ne fait que mourir, sous le coup d’une maladie abstraite, pourrait être épouvantable et lassante : on se lasse de tout, même d’être effrayé. En jouant sur la monotonie de la situation, Ionesco allait se priver de points d'accrochage.

Mais il y a mille façons de mourir, des plus affreuses aux plus drôles, en passant par les plus émouvantes. Et la pièce, en les montrant, devient une œuvre infiniment diverse De cette situation, certains se tirent bien, comme, par exemple, ce vieux et cette vieille que nous voyons mourir ensemble. Et il y a des épisodes drolatiques, bouffons où résonne ce rire (grinçant certes mais rire quand même) propre à Ionesco qui, à la question : «Quel est le sujet de la pièce?» a répondu : «Montrer l’absurde. Le démontrer. Et aussi le monter, le démonter. Dénoncer un scandale permanent. - Lequel ? - La mort.»

Si les scènes de danses macabres du Moyen Âge renvoyaient à des croyances bien précises, à la peur du châtiment divin, à la peur de l’enfer, si, au sein de la mort qui égalise tout, il y avait le paradis et l'enfer, les justes et les méchants, la profession de foi d’Ionesco est agnostique et nihiliste ; il renvoie tout le monde au néant, humanistes et révolutionnaires, policiers et possédants, perdant ainsi de son pessimisme fondamental.

Au fil du temps et des scènes, les personnages tentent de justifier la mort par tous les moyens possibles. Certains par la politique, d'autres par la résignation, d'autres encore par leur bonheur. Ionesco, cependant, amène à ce drame une dimension nouvelle en le plaçant dans l'absurde. Ces scènes, tragiques dans leur déroulement, prennent une forme que seul Ionesco est capable

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