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L'appréhension de l'égalité par Tocqueville

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Par   •  26 Octobre 2022  •  Commentaire de texte  •  744 Mots (3 Pages)  •  236 Vues

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Centre Audiovisuel d’Études Juridiques des Universités de Paris

Licence 2 en Droit (CAVEJ) - Session de février 2021

Enseignement : Histoire des idées politiques

L’appréhension de l’égalité par Tocqueville

La pensée d’Alexis de Tocqueville est fortement marquée par son voyage aux Etats-Unis. Il s’y rend officiellement pour étudier le système pénitentiaire, mais en tirera son œuvre majeure, De la démocratie en Amérique, qui s’intéresse aux questions sociales et politiques. Si le premier tome est descriptif, la deuxième partie, dont est extrait le passage présenté ici, creusent sa pensée, centrée sur la liberté. De son observation de la société américaine[1], il déduit que la liberté est « providentielle », et que l’établissement de la démocratie est inévitable à terme, en Europe aussi.

Si Benjamin Constant avait avant lui insisté sur l’égalité, elle était alors conçue comme une liberté civile, qui n’excluait pas des classes politiques (on pensera au suffrage censitaire). Tocqueville pour sa part conçoit l’égalité comme une « égalité de conditions », qui diffuse ensuite dans tous les domaines : société civile et politique, lois, usages et opinions (I). Mais cette égalité porte en elle un risque de dictature de la majorité (II).

I. L’égalité essentielle des hommes

Chez Tocqueville, l’individu qui vit dans une société démocratique « sent avec orgueil qu’il est égal à chacun [de ceux qui l’environnent] ». Il voit dans la société américaine une société qui, née sans tradition aristocratique, place chacun sur un pied d’égalité au moins dans ses virtualités, le domestique pouvant devenir maître et le maître domestique. De sorte que « le  public  a […]  une  puissance  singulière  dont  les  nations  aristocratiques  ne  pouvaient  pas  même  concevoir  l’idée » : cette égalité essentielle donne à l’avis de chacun le même poids. Il ne s’agit pas ici d’un poids purement politique, d’un suffrage universel, mais bien d’un poids intellectuel. Ainsi le citoyen d’une nation démocratique ne sera-t-il pas soumis à la tentation de suivre un homme fort, ou une classe forte (« le  penchant  de  chacun  à  croire  aveuglément  un  certain  homme,  ou  une  certaine  classe »).


Toutefois, si cette prise d’indépendance par rapport à la pensée d’un seul est une force, elle peut avoir des effets pernicieux. Ainsi, une idée largement partagée pourra paraître la seule valable, et « la  disposition  à  en  croire  la  masse  augmente » au point de créer « une  confiance presque illimitée dans le jugement du public ». La démocratie porte donc en elle le germe d’une tyrannie de la majorité.

II. L’égalité au risque de la liberté

Quoique convaincu de n’être inférieur à aucun individu, l’homme qui vit dans les pays démocratiques est « accablé de sa propre insignifiance et de sa faiblesse » face à la masse. Les croyances ou opinions largement partagées « par une sorte de pression immense de l’esprit de tous sur l’intelligence de chacun », en viennent à écraser l’individu, et partant sa liberté[2].

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