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L'Opéra De Paris De Marion Ottmann

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professionnelle. Trop frêle pour travailler à la forge avec son père, il finira par suivre des cours à l’école gratuite de dessin. Vers quinze, il est placé chez l’architecte Hippolyte Lebas, l’un des ateliers les plus respecté de la ville, le pilier de l’institution académique. Il y croisera certains des meilleurs étudiants des Beaux-arts.

Deux ans plus tard, il entre lui aussi aux Beaux-arts. Pour financer ses études, il travaille en parallèle comme dessinateur chez Galimard et Violet Le Duc, avec qui il participera à un concours de restauration de Notre Dame de Paris. Son parcours aux Beaux-arts est « brillant mais sans éclats ». Après avoir échoué une première fois en 1846 au Grand Prix de l’Ecole des Beaux-arts, il remporte ce Grand Prix en 1848 avec un projet de conservatoire des arts et métiers qui séduisit le jury par les solides articulations du plan.

Grace à ce prix de Rome, il part en Italie puis en Grèce pour un voyage d’étude. Pendant ce périple, Garnier se révèle être un dessinateur infatigable et talentueux. Les envois de Rome prescris par l’Académie de France, amène le jeune Garnier à travailler sur plusieurs monuments. Le premier est le forum de Trajan de Rome, puis le temple de Vesta, qui fera l’objet de fortes critiques quant à sa pertinence. Le troisième envoi, portant sur le temple de Jupiter Sérapis à Pouzzoles, recevra quant à lui les félicitations du jury. Le quatrième envoi porta sur le temple de Jupiter de Panhellénien d’Egine et à ses possibilités de restauration. Le cinquième et dernier envoi est un travail de création. Garnier proposa un projet d’école de dessin qui fut désapprouvé par l’Académie. Lors de ce voyage, pendant que les autres étudiants s’extasiaient sur les monuments antiques, Garnier a porté une attention particulière à l’architecture moyenâgeuse italienne, intérêt qu’il gardera tout au long de sa carrière. Peu avant son retour, le duc de Luynes, un auteur-savant, le chargea d’une vaste enquête sur la sculpture funéraire des Angevins à Naples. Garnier réalisa ainsi plus d’une centaine de dessins et lavis pour répondre à la commande.

A son retour en France, en 1853, il retrouve Paris qui a été secoué politiquement pendant son absence. L’empire de Napoléon Bonaparte a été proclamé. Avec ce nouvel empire, s’ouvrent de grands chantiers dans Paris. On assiste à « une refonte complète du tissus urbain de la capitale » mais ce n’est pas aux jeunes architectes que l’Empire va faire appel pour ces projets. Garnier a du mal à se faire une place. Il va recevoir quelques emplois d’inspecteurs par l’administration des Bâtiments civils et l’administration de la préfecture de la Seine, emplois subalternes pour un détendeur du prix de Rome. Ainsi, entre 1853 et 1860, il se sera tour à tour inspecteur au Conservatoire de musique, sous inspecteur de la tour Saint Jacques, sous inspecteur de l’Ecole des mines, et inspecteur de l’agence des travaux des nouvelles barrières de Paris. C’est durant cette période de sa vie qu’il développe une « neurasthénie », terme employé par son épouse pour parler de sa dépression chronique. Loin de ses ambitions artistiques nourries par son voyage en Italie, il s’ennuie dans ce travail monotone qu’on lui propose, lassé du travail administratif et des suivis de chantier. Au cours de cette période, il signa tout de même ses premières réalisations : trois immeubles (rue Quincampoix, rue des Ecouffes et rue Saint Mandé), quelques maisons et une chapelle funéraire pour la famille de luynes. Mais pour le moment, Garnier est assez inexpérimenté en matière de logement et ces projets de constructions privées sont assez médiocres.

En 1860, il obtient enfin une fonction significative et rémunératrice en étant nommé architecte ordinaire de la ville de Paris, responsable du V et VI arrondissement. A la fin de cette même année arrive le concours de l’Opéra. A la surprise générale, son projet fut sélectionné, face à ceux de Viollet-le-Duc et Charles Rohault de Fleury. Le jury apprécia « la disposition très ingénieuse et nouvelle des plans, la circulation large et facile entre toutes les places de la salle et les foyers, ainsi que l’ordonnance générale susceptible de donner des façades monumentales sur tous les cotés de l’Opéra ». Garnier réunit autour de lui beaucoup de collaborateurs issus de tous les Arts, comme le sculpteur Thomas et le peintre Baudry. Ainsi, l’Opéra, temple dédié à la musique et à la danse, devient un monument dédié aux Arts dans leur ensemble. Ainsi, Garnier et ses collaborateurs s’appliquèrent à développer des techniques innovantes quant à l’usage des cuivres, aux mosaïques, à la dorure ou à la peinture. Ainsi, avec cette profusion de décors et couleurs, Garnier tourne le dos à soixante ans de rigorisme.

Garnier a eu une production architecturale très riche pendant et surtout après l’Opéra. Ainsi, il réalisa plusieurs projets dans la musique, le théâtre, les jeux et les bains. En 1878, il fut nommé pour diriger le projet d’agrandissement du Conservatoire de musique, projet qui ne fut d’ailleurs jamais aboutis faute de moyens. Son projet est marqué par le choix d’un plan carré pour la salle de concert, qui diffère du plan barlong habituellement utilisé, ainsi que par l’utilisation de rotondes.

La même année, François Blanc, président de la Société des bains de mer de Monte-Carlo et fervent admirateur du travail de Garnier, lui passe commande des Jeux de Monte-Carlo. La façade principale réalisée est unique dans l’œuvre de Garnier, grâce à sa grande richesse décorative et à la profusion des détails ornementaux, trace de l’influence du XVIIème italien. Garnier se retrouve dans cette architecture des plaisirs, de la fête, du spectacle et des jeux.

Salle de jeux de

Monte Carlo

De même, entre 1883 et 1885, Garnier a une activité importante à Vittel, dont la décoration de la salle à manger du Grand Hôtel, la villa Saint Pierre, l’établissement thermale et le casino. Le style de la station thermale est franchement méditerranéen et orientaliste avec des lignes basses et des toits quasi plats, ainsi que des arcs outrepassés et des bandes de briques rouges. Cet orientalisme néo-mauresque, inspiré par un voyage en Espagne, est unique dans l’œuvre de Garnier.

On peut dire que Garnier a ouvert la voie à une architecture des palaces, qui va fleurir à la fin du XIX et au début XX dans les villes thermales et balnéaires.

Garnier s’est investi dans d’autres domaines. Ainsi, il a entretenu des relations privilégiées avec le monde des lettres, il fut même élu membre de la Société des gens de lettre en 1883.

Il se rapprocha également du monde des sciences en dessinant, avec l’aide du savant Maurice Loewy, l’observatoire astronomique de Nice, un grand complexe dont le chantier dura de 1880 à 1892.

Observatoire astronomique de Nice

On retrouve également une abondance de réalisations funèbres et commémoratives signées par Garnier. Selon son épouse, il aurait même participé au jury de la basilique du Sacré Cœur de Montmartre. Concernant ses propres réalisations, on peut citer l’église Terra Santa à Bordighera (1883-1898, la chapelle dans la cour du Grand Hôtel de Vittel (1885-1886) et l’église Sainte-Grimonie à la Capelle-en-Thièrache (1886).

Passons maintenant à un thème important abordé par Garnier vers la fin de sa carrière : l’habitation. Après des projets médiocres de logements en début de carrière, il prit le temps par la suite de s’interroger sur la question.

Ses réflexions ont été recueillies dans un ouvrage écrit en collaboration avec Auguste Amman, s’intitulant L’habitation humaine. Dans ce livre, il s’inquiète de l’uniformatisation de l’habitat, phénomène international dans la seconde moitié du XIXème, et revendique les droits de la diversité et du pittoresque. En effet, les progrès de l’industrie permettent de produire des matériaux de construction qui sont utilisés à l’identique quelque soit la localisation géographique du bâtiment. De même, le perfectionnement des règles de l’urbanisme provoque une perte de la physionomie personnelle de l’habitat. Par ailleurs, l’augmentation rapide de la population demande à construire vite. L’ensemble de ses raisons tendent à effacer le pittoresque dans l’habitation, pittoresque étant pourtant le résultat d’une histoire d’un peuple.

Par ces idées, Garnier s’oppose violemment aux conceptions de Viollet-le-Duc repris dans son livre Histoire de l’habitation humaine. Dans ce dernier, l’ancien maitre de Garnier oppose passé et progrès.

De même, Garnier s’est opposé aux dérives du progrès vers la fin de sa carrière. Il n’affectionnait pas particulièrement l’architecture métallique qu’il jugeait monotone dans son emploi. Ainsi, il trouvait déplacé de vouloir construire des marchés à structure métallique en Italie, là où la coutume veut qu’ils soient en plein air ou sous des arcades de pierres. Ainsi, il défendait avec ferveur la cause du patrimoine et a déclaré « Paris ne doit pas se transformer en usine : il doit rester un musée ».

L'origine du projet

Après ce rapide interlude sur Charles Garnier, nous pouvons maintenant aborder l'origine de ce projet d'opéra.

Le concours du nouvel opéra est déjà en sois quelque chose hors du commun.

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